« Cartaventura Odyssée : le secret des pharaons » est le 2ème épisode de la gamme Cartaventura, destiné aux famille et aux enfants.
Cette gamme de jeux de cartes narratifs aux thèmes historiques très marqués aborde des périodes connues avec le parti pris de choisir des personnages un peu oubliés par l’histoire afin de les remettre à leur juste place. Cette gamme en profite ainsi pour confronter les joueur.euse.s à des situations nouvelles et menant à des questionnements moraux, en maintenant le frisson de l’aventure.
Les spin off « Odyssée » visant la cible familiale vous emmène sur des terrains plus balisés comme les pirates pour le premier épisode et aujourd’hui l’Egypte antique.
Dans la boîte
La boîte est très réussie sous la patte habile de Jeanne Landart conjuguant un style documentaire et les codes de l’album jeunesse. Les personnages autorisent les joueurs à l’identification visuelle tandis que les décors et cartes offrent une maturité bienvenue. L’on peut jouer en famille ou entre enfants tout en y découvrant des choses sérieuses et frissonner comme les grands.
Comme pour son grand frère, un jeu de 70 cartes se niche au fond de la boîte. Trois cartes de plus grande taille (et donc une boîte aussi plus grande) aident à la mise en place et à la gestion du jeu afin d’éviter les mélanges de cartes inopportuns. Une excellente idée qui permet aux plus jeunes de jouer en autonomie sans se retrouver submergé.e.s par un matériel pléthorique.
À cela, il faut ajouter 25 cartes Aventure, cachées au début dans un coffre secret, qui viendront se substituer à celles du paquet de base, développant les possibilités de jeu.
On découvrira aussi au fil des parties 10 cartes Savoir donnant des informations sur l’Egypte ancienne travaillées avec un conseiller historique, Jean-Guillaume Olette-Pelletier, docteur en égyptologie, spécialiste des dieux anciens et des textes hiéroglyphiques cachés. Elles remplacent le livret disponible dans les jeux pour les plus grands.
Comment on joue ?
Si vous savez lire, placer et tourner des cartes en imitant le principe des Livres dont vous êtes le héros, alors vous savez déjà jouer.
Le jeu vous prend par la main dès l’ouverture, il vous suffit de lire les instructions. Vous êtes guidés en jouant. Vous découvrez les différents types de cartes (instantanée, objet, plan et action) en abordant le début de vos pérégrinations. À vous alors de faire les bons choix.
Le gameplay permet à des enfants de 9/10 ans de jouer sans être accompagnés d’un adulte. Pour les plus jeunes, puisque le jeu parle de démarrer dès 6 ans, la présence des parents ou tout autre personne peut se révéler très utile afin d’aider la lecture, la compréhension et parfois la manipulation, en tout cas pour la première partie.
On en pense quoi ?
La qualité éditoriale de ce deuxième épisode est toujours au rendez-vous. On soulignera la création et l’impression françaises et l’utilisation de bois issus de forêts gérées durablement pour le papier et le carton.
On appuiera encore sur le travail graphique de Jeanne Landart lequel, ajouté au game design de Thomas Dupont, donne l’occasion pour les joueur.euse.s de voir se développer devant eux des paysages magnifiques. L’avancée dans l’aventure se conjugue avec le déploiement d’une carte/plan pour une immersion totale.
La rédaction des textes par Madeleine Deny reste accessible et efficace. Cela peut sembler même léger au début pour les afficionados de la prose. Toutefois, rappelons que le but est de laisser le/la joueur.euse se glisser dans l’esprit du personnage, un.e joueur.euse qui peut avoir 6 ans. On se laisse facilement emporter par le texte qui donne une belle énergie et l’envie de la découverte.
Nous avons ressenti un petit doute avec le premier épisode. Il nous a paru un peu trop guidé. Les choix n’étaient pas très nombreux et nous sentions que le jeu tenait vraiment à nous mener à un endroit précis.
La partie a été d’ailleurs assez courte, même pour un épisode de « Odyssée » dont le principe est de ne pas dépasser la vingtaine de minutes de jeu gardant ainsi pleinement l’attention des tous.tes les joueur.euse.s quel que soit leur âge.
Le potentiel se dévoile alors avec les nouvelles cartes extraites du coffre secret dès la deuxième partie. En rechaussant nos baskets d’enfant, la première partie est simplement prétexte à s’installer dans l’histoire proposée, de connaître les personnages et de comprendre le but de notre aventure.
D’autant plus que le scénario gagne en puissance au fil des cartes. Et les fameux choix moraux qui sont la marque de fabrique de la série « Cartaventura » arrivent finalement, de plus en plus nombreux.
Vais-je voler cet objet ou simplement l’emprunter ?
Quelle solution semble la plus juste ?
Et ce n’est pas forcément celle à laquelle nous pensions de prime abord. Car tout va dépendre de la situation, du contexte, des protagonistes auxquels nous faisons face. Un sabotage, par exemple, pourra être considéré, selon la période historique et le camp que l’on occupe, comme un acte terroriste ou un acte de résistance.
Ici, le curseur de questionnement éthique ne sera pas si élevé, mais il questionne sur les différents embranchements de l’histoire.
Tous les détracteurs des jeux narratifs ou d’enquête regrettent évidemment la non rejouabilité de ces jeux. On fait les 3 épisodes et, zou !, on le donne. Cependant, aller au bout de la boîte prend du temps et offre de belles aventures.
« Odyssée », comme ses grands frères et les livres dont vous êtes le héros, propose plusieurs fins. Ce qui devrait amener les joueur.euse.s à se dire qu’ils/elles vont pouvoir encore exploiter leur jeu et frissonner toujours plus. Nombreux.euses abandonnent et se privent des nouvelles possibilités car, il faut le reconnaître, souvent il est nécessaire de repasser par les mêmes chemins. Des livres dont vous êtes le héros corrigent aujourd’hui le tir avec des sauvegardes possibles.
« Odyssée » inclut ces nouvelles possibilités grâce aux cartes découvertes dans le coffre secret au fil de l’histoire et qui serviront à la partie suivante. Cette astuce suscite déjà l’intérêt puisque l’on se prend à penser « je veux savoir ce que me réserve cette nouvelle carte ».
Nous avons aussi trouvé sur cette épisode des teasers plus importants pour la suite avec les fameuses cartes qui imposent de lire la partie haute si on possède un certain objet, sinon de se contraindre à la partie basse. Mais où se trouvait donc cet objet ? Surtout lorsqu’on a l’impression d’avoir fouillé dans tous les coins. Il devient alors impossible de ne pas avoir envie de parcourir de nouveau les couloirs des pyramides. Particulièrement avec les 10 cartes Savoir à découvrir au fil de l’aventure, les 7 fins possibles et les 2 évolutions de notre personnage !
Encore une fois, la combinaison des talents scénaristiques, artistiques, de game design et éditoriaux, offrent aux joueur.euse.s un plaisir entier.
Le voyage dépaysant est garanti, même pour les plus grands à partir du moment où l’on accepte de retrouver son âme d’enfant. Et pour les plus jeunes, c’est une expérience inédite.
Et nous pouvons vous garantir son effet autant waouh qu’addictif pour l’avoir fait jouer à des enfants de 9/10 ans en autonomie.
Lorsque la qualité ludique se renouvelle ainsi à chaque épisode de la gamme, nous pouvons affirmer que ce n’est plus un coup de chance mais un véritable talent de création.
