Pour la sortie de Splendor Duel de Marc André et Bruno Cathala, le studio Space Cowboys nous a rendu une petite visite. Hannah Martel, responsable de la communication et François Doucet, responsable marketing, nous présentent le jeu et reviennent sur les grandes innovations de la version duo. Des changements bien pensés pour rendre Splendor Duel unique.
Philibert : Commençons par la traditionnelle présentation…
François : Hannah travaille chez Space Cowboys et chez Space Cow en tant que responsable de la communication.
Hannah : François, responsable marketing chez Space Cowboys, mais pas chez Space Cow.
Philibert : Pouvez-vous nous présenter cette mouture deux joueurs de Splendor ? Pourquoi avoir fait cette nouvelle version ?
François : Comme son nom l'indique, Splendor Duel, c’est un peu comme Splendor, mais spécialement pour deux joueurs. On trouvait intéressant de faire un jeu différent, tout en reprenant certaines des mécaniques de Splendor, en tout cas son moteur. On voulait garder ce qui marchait bien dans Splendor, comme son côté fluide et rapide, et en même temps y ajouter un peu plus d'éléments qui grattent pour apporter plus d'interaction pour que les joueurs aient un affrontement plus net et plus prononcé.
Philibert : Splendor est un monument ludique. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est Splendor ?
François : Je pense que la plupart des gens qui regarderont cette vidéo connaissent déjà le jeu. Splendor est un jeu d’engine building, de construction de moteur comme on dit. Les conditions de victoire sont assez simples. Il faut atteindre 15 points de victoire. Pour cela, les joueurs se livrent à une sorte de course. Le cœur du système de Splendor sont les jetons qui servent à acquérir les cartes. Et sur ces cartes se trouve en haut à droite un petit bonus, une sorte de monnaie virtuelle qui permet d'acquérir de nouvelles cartes. Le but du jeu est d'acquérir des cartes qui servent à acquérir des cartes de plus en plus puissantes. Au bout d'un moment, quand on atteint une masse critique de cartes et qu'on a suffisamment de jetons, il y a une accélération du jeu qui fait glisser la partie vers une course pour atteindre les fameux 15 points de victoire.
Philibert : Entrons dans le vif du sujet. Comment joue-t-on à Splendor Duel ?
François : Dans Splendor Duel, il y a trois actions possibles et il faudra en faire une parmi les trois. Premièrement, prendre des jetons sur le plateau. On peut prendre de 1 à 3 jetons, un peu comme dans Splendor sauf que là, on les prend sur le plateau. Les jetons doivent être contigus, et on peut les prendre en diagonale, en colonne ou en ligne. Dès qu'on a pris ses jetons, le tour est fini. On peut dire que ça va relativement vite. Il peut y avoir un maximum de 10 jetons devant soi et si on dépasse cette limite, comme dans Splendor, on rend le surplus à la fin de son tour.
Dans Splendor Duel, il y a quelques petites astuces supplémentaires. Si on prend trois jetons de la même couleur, l'adversaire a le droit de prendre un jeton privilège, matérialisé par un parchemin. Prendre trois jetons de la même couleur est, pour tous les joueurs de Splendor, un peu une espèce d'interdit absolu. C'est une action très puissante, puisqu’il y a quatre jetons de chaque couleur. En faisant cela, on prend les trois quarts des jetons existants d'une couleur, c'est quand même assez significatif comme action. Le jeton privilège est la première chose que vous faites pendant votre tour. Vous devez décider si vous l'utilisez ou pas. Ou plutôt, si vous les utilisez ou pas, parce qu'on peut en avoir plusieurs. C’est extrêmement simple de les utiliser. C'est une action gratuite qui ne vous empêchera pas de jouer normalement ensuite. Vous le rendez à la réserve et en échange, vous prenez n'importe quel jeton du plateau, sauf un doré.
Ce tout petit privilège est, en fait, très puissant puisqu’il peut vous permettre par exemple de prendre un jeton qui vous manque pour acheter une carte ou même si vous avez deux jetons privilèges, d'en prendre deux, etc. Ça peut aussi vous permettre d'ignorer subtilement la règle des trois jetons de la même couleur parce que vous pouvez vous débrouiller avec les jetons privilège pour prendre tous les jetons d'une couleur.
En parlant des jetons, il y a une nouvelle monnaie, les perles. Comme les autres jetons, les perles sont des gemmes, à l’exception des dorés qui sont un peu spéciaux, puisqu’on n'a pas le droit de les prendre. Pour le dire simplement, les perles sont en fait une sorte de monnaie supplémentaire, c'est une autre couleur. Il n’y en a que deux donc ça ne fait vraiment pas beaucoup. La bataille pour les perles est souvent assez âpre. Certaines cartes demandent des perles pour être acquises et d'autres non. Par contre, il ne faut jamais plus d'une perle pour avoir une carte. Il n’y a aucune carte qui produit des perles, il n'y a pas de jeton virtuel “perle”, donc il faut toujours se débrouiller pour avoir soit des perles, soit des jetons dorés.
Ce qui nous amène à la deuxième action possible, réserver une carte. Pour cela, c'est extrêmement simple, à mon tour, je désigne une carte, je la prends et je la retourne pour me souvenir que je ne l'ai pas achetée. Puis je prends un jeton doré sur le plateau central. On peut réserver trois cartes au maximum et le seul moyen de se débarrasser de ces cartes réservées est de les acheter, tout simplement. Comme dans Splendor, les jetons dorés sont des jokers absolus, puisqu’ils peuvent remplacer n'importe quel jeton, y compris les perles.
Cette habile transition me permet de parler maintenant de la troisième et dernière action, qui est d’acheter des cartes. Pour payer, encore une fois, c'est très simple, il faut utiliser les jetons qu'on a acquis jusque-là et les remettre dans le sac et non sur le plateau. Ce qui est une autre grosse différence avec Splendor, vraiment cruciale. Comme dans Splendor, il est possible d'avoir des réductions pour acheter les cartes, évidemment, parce que sinon il y aurait certaines cartes qu’on ne pourrait jamais acheter. Les réductions sont représentées par des jetons virtuels présents sur les cartes.
Philibert : Pouvez-vous nous en dire plus sur les pouvoirs des cartes ?
François : Une des grandes innovations de Splendor Duel par rapport à Splendor est que les cartes ont des pouvoirs, du moins certaines cartes. Ces pouvoirs sont rappelés par une icône violette présente sur la carte sous les points. Quand la carte est acquise, le joueur peut, pendant son tour, utiliser le pouvoir indiqué sur la carte. Mais attention, les cartes n'ont pas de mémoire, c'est-à-dire que si on oublie de jouer le pouvoir, c'est fini, on n'aura plus l'occasion de le faire à un autre moment. Il y a cinq pouvoirs différents. Je ne vais pas tous les citer, mais il y en a un assez amusant, qui est de voler un jeton à son adversaire. On ne peut pas prendre les jetons dorés, mais on peut bien entendu piquer les jetons perles. Et c'est souvent la cible préférentielle, mais pas toujours. Des fois, on peut juste vouloir voler le jeton qui nous manque.
Les petites couronnes ne sont un pouvoir immédiat. C'est pour ça qu'elles n’ont pas la même iconographie. Les couronnes en elle-mêmes ne font rien. Par exemple, la première ne fait rien, mais quand on en accumule trois, quelque chose d’intéressant s’active, qui sont les faveurs royales. Les faveurs royales sont une famille de cartes qui remplace un peu les nobles, pour ceux qui connaissent Splendor, dans le sens où le fait de les faire venir dans votre camp ne vous coûte pas d'action. C'est une action gratuite. Quand vous acquérez votre troisième couronne, vous choisissez l'une des faveurs royales disponibles. Donc si vous êtes le premier, les 4 sont disponibles. Les 4 faveurs sont différentes et vous rapporteront des points. Une d’entre elles ne vous rapportera d'ailleurs que des points, trois points pour être précis. Les trois autres faveurs vont rapporter deux points et un pouvoir.
Philibert : Comment se termine la partie ?
François : Quand vous atteignez une des conditions de victoire, la partie s'arrête immédiatement. Une partie de Splendor Duel peut prendre fin de trois manières.
Si vous obtenez 10 couronnes, c'est gagné. Voilà, c'est assez simple. Vous pouvez aussi gagner en disposant de 20 points de prestige. Les experts de Splendor se rappelleront que c’était 15 pour le jeu standard et 16 la version Marvel. Enfin, la troisième condition de victoire est d’avoir 10 points de prestige dans une seule couleur.
Les trois conditions de victoire différentes est l'une des modifications les plus significatives de Splendor Duel. Elles influent énormément sur la stratégie et la tactique quand on découvre le jeu. L’une des clés est d'identifier quelle carte sert à quelle stratégie. C'est vraiment sympa parce que c'est une lecture complètement différente de celle de Splendor. Par exemple, on s'aperçoit que les cartes qui ont l'air un peu cher pour ce qu'elles sont, peuvent servir pour les trois conditions de victoire. Elles rapportent des couronnes, elles sont d'une couleur donnée, et en plus, elles font gagner pas mal de points.
Il y a tout un tas de nouveaux équilibrages et de nouvelles lectures des cartes qui s'ajoutent à la découverte des pouvoirs qui font que le jeu est entièrement différent. Dès la première approche, on se rend rapidement compte qu’on ne pourra pas jouer de la même façon parce qu’il faudra gagner différemment.