Deuxième meilleure vente de Philibert en octobre et en novembre, District Noir est parvenu à faire son trou dans le monde ludique. Pour en savoir plus sur ce jeu à deux, nous avons rencontré Mathias Guillaud, cofondateur de la toute jeune maison d’édition Spiral Éditions. De passage à Strasbourg, il a répondu à nos questions.
Max (Philibert) : Bonjour à tous, aujourd'hui, on est en compagnie de…
Mathias Guillaud : Mathias de chez Spiral Éditions.
Max : Spiral Éditions est une toute nouvelle maison d'édition dont le premier jeu est District Noir. Mais avant de parler du jeu, est-ce que tu peux nous parler de l'histoire de Spiral ?
Mathias : Spiral Éditions vient tout juste d'arriver. District Noir est notre premier jeu. On est quatre dans la maison d'édition. Je suis l'un des fers de lance de la boîte, mais on gravite tous dans le milieu du jeu depuis quelques années et même de nombreuses années pour certains. On a décidé de se lancer dans l'aventure de l'édition avec District Noir.
Max : District Noir est un jeu original ou un jeu que vous avez sourcé ?
Mathias : C'est un jeu qu'on a sourcé. Depuis la sortie, j'entends souvent que c'est une localisation. Ce n’est pas tout à fait le cas. Dans les faits, c'est un jeu qui est déjà sorti au Japon et en Pologne, mais dans des micro-tirages. Au Japon, il est sorti à 500 exemplaires ou un peu moins. C'est un jeu qui a déjà cinq ou six ans et qui était passé plus ou moins inaperçu.
Max : Le jeu n’avait pas ce design…
Mathias : Effectivement, il n’avait pas du tout ce design, ni ce format-là. Il s'appelait The Throne and The Grail et était une toute petite boîte avec un thème “famine, noble, paysan”. Les Villes étaient des cartes Graal qu'il fallait assembler. On a refondu graphiquement tout le jeu. On n'a rien touché mécaniquement parce que le jeu était vraiment nickel. On est très contents et on veut que le jeu sorte dans le plus de pays possibles. À part le Japon et la Pologne où on ne peut pas le ressortir.
Max : Peux-tu nous expliquer comment fonctionne District Noir ?
Mathias : Distric Noir est un jeu à deux uniquement. On a plusieurs types de cartes qui existent dans le paquet. On joue en quatre manches et le but est d’avoir le plus de points à la fin. Pour faire ses points, il faut faire des majorités avec des cartes familles qui sont les cartes 5, 6, 7 et 8. Pour ces cartes, plus j'en ai, plus je vais avoir de chance de marquer des points, puisqu’il faut en avoir plus que l'adversaire à la fin de la partie. Par exemple, si j'ai plus de 5, je marque 5 points, si j'ai plus de 6, je marque 6 points, etc.
Il y a aussi des cartes avec des valeurs positives et des valeurs négatives qu'il faut récupérer ou éviter parce que ce sont des points en plus ou en moins.
Et il y a un petit twist qui fait un peu de sel du jeu, les cartes Villes. Il n’y en a que trois dans le paquet. Si un joueur arrive à mettre la main sur les trois pendant la partie, il gagne immédiatement. Ça crée une petite tension où si mon adversaire a une ou deux villes, il ne se passe rien. Par contre, attention à la troisième. Mais si à la fin, il n’a pas réussi à avoir les trois, ces cartes ne lui rapportent aucun point. Donc, il faudra bien mesurer la prise de risque.
Max : C'est une espèce d'épée de Damoclès où tu peux perdre à tout moment…
Mathias : Exactement.
Max : On fait des majorités avec les couleurs, mais je vois qu’il y a d’autres manières de marquer des points.
Mathias : Effectivement, il y a aussi les séries de 5, 6, 7 et 8. Il faut essayer d’avoir le plus de cartes possibles d'une même famille, mais il faut aussi varier, parce que pour toute série, tu as 5 points de bonus. Le but est de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Il faut un peu tout faire et en même temps, tu ne peux pas tout faire non plus. Globalement, c'est un jeu de dilemme.
Max : Comment ça se passe sur la table concrètement ?
Mathias : Entre les deux joueurs, il y a une ligne de cartes qui, au début, commence avec deux cartes seulement. À mon tour de jeu, il y a deux actions possibles. Je peux prendre une carte de ma main et la poser au bout de la ligne. L'adversaire peut éventuellement faire de même et la ligne va se remplir comme ça. À un moment, à la place de mettre une carte, je peux aussi récupérer des cartes. C’est la deuxième action possible. Mais je ne peux pas les récupérer comme je veux. Je ne peux prendre que les cinq dernières cartes. Ce qui veut dire que je vais être parfois obligé de récupérer des cartes qui ne m'intéressent pas. Mais en même temps, elles n’iront pas chez l'adversaire. Il y a plein de questions à se poser pour savoir quelles cartes poser afin d’éviter qu’elles n’aillent chez l’autre joueur. La subtilité du jeu est qu’on ne peut prendre qu’une seule fois dans une manche. Je dois alors attendre la manche d'après pour pouvoir de nouveau prendre cinq cartes. Il faut donc choisir le bon moment pour prendre.
Max : Il y a une notion un peu de stop-ou-encore…
Mathias : Exactement !
Max : Du coup, on ne prend que quatre fois des cartes dans le jeu ?
Mathias : Oui, on prend en tout maximum 20 cartes, parfois, je peux en prendre moins parce qu’il y a des situations où je peux prendre moins de 5 cartes. Mais l'idée est qu’à la fin, on a 20 cartes maximum avec lesquelles il va falloir faire les meilleurs combinaisons/majorités.
Max : Il y a un dernier élément dans la boîte, un petit jeton de poker recto verso qui est absolument magnifique.
Mathias : Oui, ce jeton est uniquement là pour indiquer qui commence la manche, mais c'est une notion de timing importante. Un joueur commence la manche, on enchaîne des actions chacun son tour, etc. Au cours de la manche, on ne repioche pas de nouvelles cartes. Si bien qu’au bout d'un moment, les deux joueurs n’ont plus de carte en main. La manche s’arrête et on donne le jeton à son adversaire qui va le retourner et commencer la manche d'après. Il y a toute une notion où je sais que j'ai commencé cette manche et que mon adversaire commencera la prochaine et qu’il aura la première opportunité. Évidemment, quand il y a des cartes restantes à la fin d'une manche dans la rivière, un joueur pourra les prendre dans la manche suivante. Il faudra alors garder un œil sur les cartes qu’on laisse.
Il y a un dernier truc : au début de la partie, on enlève trois cartes du paquet. Comme ça, ça évite de compter à la fin et ça met une tension supplémentaire parce qu’on ne sait pas si la carte attendue arrivera à un moment ou si elle a été sortie du paquet.
Les parties sont hyper rapides. Quand on finit une partie, généralement, on a envie de faire la revanche.
Max : Pour revenir rapidement à Spiral Éditions, est-ce qu'on peut déjà parler de vos prochains jeux ?
Mathias : Pour l'instant, on a des pistes plus ou moins solides, mais rien de vraiment déterminé. On n'a pas envie de se précipiter sur le prochain, on a envie qu'il fasse unanimité dans l'équipe. Mais on a quand même deux ou trois idées.
Max : Un mot pour la fin ?
Mathias : On est fiers de proposer District Noir, parce qu’on l’aime beaucoup et qu’on a l'impression qu’il plaît pas mal. C'est chouette !
Max : Super ! Je crois qu'on a tout dit sur District Noir et Spiral Édition. Merci beaucoup !
Mathias : Salut, à bientôt !