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Les métiers ludiques : Sarah Pokrzywa nous parle de son travail de responsable communication chez Cocktail Games

Sarah Pokrzywa nous parle de son travail de responsable communication chez Cocktail Games
Le Philiboy Sébastien
Sébastien
Mis à jour le  10/10/2023
#article

Philibert vous propose de découvrir les métiers qui peuplent le monde du jeu de société. À travers des portraits humains, nous en apprendrons plus sur des fonctions parfois méconnues, mais faisant partie intégrante des rouages de la sphère ludique. Dans ce deuxième épisode, nous avons échangé avec Sarah Pokrzywa qui nous présente son travail de responsable communication chez Cocktail Games.


Philibert : Salut Sarah, peux-tu te présenter ?


Sarah : Bonjour ! Je suis Sarah Pokrzywa (46 points au Scrabble), 26 ans, cancer, ascendant raton laveur et je suis chez Cocktail Games depuis maintenant quasi quatre ans, en tant que responsable communication.



Philibert : Comment es-tu arrivée à ce poste ? Peux-tu nous raconter ton parcours ?


Sarah : Pour tout vous dire, c’est mon premier poste en sortant de mes études et j'ai un parcours assez ordinaire. Après un bac scientifique, une prépa ECS (éco), j'ai suivi la voie déjà tracée par les concours et j’ai fait une école de commerce. Avec cette école (que je n’ai pas du tout appréciée), j’ai eu l’occasion de faire un stage dans le cadre de mon Master "Management des Industries Culturelles” (master culture donc). Et hop ! J’ai atterri pour six mois chez Cocktail Games. J’ai tellement apprécié ce stage que j’ai mis de côté mon master pour faire une alternance l’année suivante toujours auprès de la Cocktail team en tant qu'assistante Développement et Marketing (les titres sont un peu inventés pour les besoins de la chose, je ne sais pas si ça s’est vu). Et après un an, j’ai troqué ma blouse d’apprentie pour celle de salariée !



Philibert : En quoi consiste ton travail ?


Sarah : Cocktail Games est une "petite" structure, nous ne sommes que sept en tout, ce qui fait que si nous avons chacun nos domaines de responsabilité comme la fabrication pour Mike, l’export pour Miguel et Julia ou encore l’animation pour Florence et la communication pour moi, nous sommes très polyvalents et nous faisons diverses tâches en équipe. Ainsi, en communication, je fais souvent appel à Mike qui a de brillantes et drôles d'idées (les memes sur l’As d’Or, c’est lui !) et bien sûr, je me fais épauler par Laura, la Cocktail Graphiste, qui crée les visuels que j’ai en tête. La com’ englobe plusieurs choses, allant du traitement des mails et autres messages, aux visuels sur les réseaux sociaux et les vidéos, en passant par la publicité dans des magazines, via des partenariats et même sur les bus, tram et dans le métro !



Philibert : À quel moment arrives-tu dans la vie d’un jeu ?


Sarah : Comme dit un peu plus haut, vu qu'on est très polyvalent et qu’une autre de mes tâches annexes est notamment le développement des jeux, j’arrive assez tôt. Pour une réponse exhaustive, lors des tests des prototypes et du développement des jeux, je fais plutôt attention aux mécaniques, à l’équilibrage du prototype, etc. Mais vers la fin du développement, alors que l’on commence à parler thème, titre et fabrication, c’est là que se mettent en place des réflexions sur la future communication et de marketing. Je réfléchis également à ce moment-là aux potentielles vidéos faisables : teaser, règles de jeu, pitch pour les boutiques... Pour résumer, c’est une réflexion qui se fait conjointement au développement, avec plusieurs membres de l’équipe lors de réunions régulières.


Sarah Pokrzywa, responsable communication chez Cocktail Games

Philibert : Peux-tu nous décrire une journée type ?


Sarah : En arrivant le matin (après une pause-café avec les collègues bien entendu), je traite les mails qui sont arrivés dans la nuit : demande de SAV, prise de contact, etc., puis je m’occupe de remplir les enveloppes, si SAV il y a. Ensuite, je regarde les réseaux sociaux pour répondre aux commentaires et planifier les prochains posts de la semaine. Après cela, c’est le moment réservé à toutes les tâches de communication en cours : fiches produits pour Asmodée par exemple, briefs pour Laura, ou encore vidéos (je réfléchis aux nouveaux scripts que l’on peut faire, ou alors, j'embarque Mike ou Florence avec moi et nous nous lançons dans le tournage). C’est généralement à ce moment-là que sonne la pause déj' (et heureusement, car j’ai tout le temps faim). L’après-midi est souvent consacrée aux tests des jeux en développement, au montage des vidéos en cours et au traitement des mails arrivés dans la journée. Bien sûr, nos journées ne sont pas toutes pareilles selon les urgences, les rdv, les réunions qui peuvent se glisser dans notre emploi du temps.



Philibert : Est-ce que le travail de communication s’exerce-t-il différemment dans le milieu du jeu de société ?


Sarah : Très honnêtement, je ne peux comparer qu’avec une seule courte expérience : un stage de six mois dans une entreprise de carterie personnalisée en ligne. Là-bas, j’occupais également un poste dans le service marketing et communication, mais nous étions dans une équipe de quatre personnes. C’était beaucoup d'emailing (newsletter et acquisition client), de SEO (référencement sur internet, avec beaucoup de mots clés et de fiches produits) et de partenariats. La grande différence repose sur la cible de la communication. En effet, l’entreprise communiquait directement aux clients, car elle faisait de la vente directe.


C’est là aussi l'ambiguïté du travail de communication chez Cocktail Games, et je suppose dans la majorité des maisons d’édition de jeux de société : je ne sais parfois pas vraiment à qui je m’adresse. Le joueur final ? La boutique de jeux qui va vendre notre jeu ? Les publicitaires et influenceurs qui, nous l'espérons, parleront de notre jeu ? C’est un peu de tout : il faut communiquer à toute la chaine ludique : le distributeur, les boutiques, les joueurs et enfin le grand public. Car chez Cocktail, vous l’avez bien compris, notre volonté est de faire des jeux pour tout le monde. La difficulté de la communication est donc de pouvoir toucher ce « grand public », de réussir à faire une communication qui leur parle et qui leur donne envie de tester ce nouveau loisir.



Philibert : Qu’est-ce qui t’intéresse le plus dans ton métier ?


Sarah : Le côté polyvalent et créatif ! Je ne m’ennuie jamais et c’est plus qu’un plaisir de ne pas être coincée dans une routine.



Philibert : Quelle est ta plus grande réussite chez Cocktail Games ? As-tu travaillé sur un projet qui t’a particulièrement marqué ?


Sarah : Un projet qui m’a particulièrement marqué et qui me marque encore aujourd’hui, c’est le jeu TOP TEN, d’Aurélien Picolet. Je suis arrivée chez Cocktail, pile au moment du développement de ce super party game et j’ai donc eu la chance de travailler sur l’élaboration des thèmes, sur la réflexion graphique et surtout sur les opérations com’ que l’on pourrait faire (visuels, échantillons, print-and-play…). Trois ans après sa sortie, il est plaisant de voir que le jeu s’installe peu à peu chez le grand public et que nous pouvons passer au stade supérieur avec la publicité dans des espaces publics que nous n’avions jamais envisagée auparavant.


La campagne sur les bus pour le jeu Top Ten

Philibert : As-tu une anecdote ou un souvenir marquant à nous raconter sur ton travail chez Cocktail Games ?


Sarah : Il y a sûrement beaucoup d’anecdotes à raconter (déjà parce que l’on travaille avec Matthieu ;)), mais de but en blanc, me vient le souvenir de notre voyage en équipe à Berlin pour la cérémonie du Spiel des Jahres. C’était notre deuxième nomination pour le jeu TOP TEN et nous étions de joyeuses licornes prêtes à vivre pleinement l’expérience allemande. Appareil photo à la main, nous avons donc fait plein de bêtises pour montrer ce moment aux joueurs et j’ai découvert une autre facette de l’univers ludique. De manière générale, j’adore les festivals de jeux et mes premiers Cannes et Paris est ludique ont été un réel plaisir.


Philibert : Chez Cocktail Games, vous avez une communication pour le moins débridée (On adore). Est-ce que vous vous imposez des limites ?


Sarah : Il y en a quelques-unes quand même. D’abord le respect de tous et toutes. Même si on a une communication décalée dans laquelle on fait des blagues, nous ne souhaitons blesser personne. Nous respectons donc quelques codes, comme le vouvoiement, pas de vulgarités qui pourraient choquer (la baseline de TOP TEN a été un très looooong débat) et parfois, on doit freiner quelques jeux de mots douteux.



Philibert : En tant que communicante, est-ce que tu as une communication d’entreprise qui t’inspire en particulier ? Es-tu attentive à ce que les autres font ?


Sarah : Alors cela peut vous étonner, mais pas vraiment. Du côté perso, je suis très peu sur les réseaux (ce qui n’est parfois pas une bonne stratégie, j’en conviens), mais en se tenant un peu informée aux tendances du moment et en écoutant les collègues, il y a de bonnes choses à faire !



Philibert : Quelles sont les qualités à avoir pour exercer ton métier ?


Sarah : Je ne pense pas qu’il y ait des personnes faites pour la com’ et d’autres non. Notamment, je ne trouve pas que j’ai beaucoup d’imagination et je ne suis pas très douée de mes mains par exemple… Donc, je dirais qu’il est important d’être ouvert à ce qui se passe autour de soi, dans le monde ludique et ailleurs, de savoir écouter les idées des autres et de laisser parler sa créativité, le tout avec une bonne dose d’humour. C’est toujours un plus d’être plutôt patient et organisé, mais je pense que notre manière d’être déteint sur notre communication et c’est ce qui en fait quelque chose de singulier et d’intéressant.



Philibert : As-tu un conseil pour les aspirants communicants dans le monde ludique ?


Sarah : Un seul conseil : essayer, tenter et ne pas avoir peur de se tromper (et du ridicule aussi, apparemment ça fonctionne ;) )


L'aventure de Cocktail Games au Spiel des Jahres

*Voir nos conditions de Frais de port