Grâce à sa victoire à l’Open du Grand Est (OGRE), le strasbourgeois Jean-Loup Genin a décroché l’un des deux derniers Golden Tickets lui donnant accès au World Championship of Warhammer organisé par Games Workshop et qui se tiendra à Atlanta du 16 au 19 novembre 2024. Nous avons pu échanger avec le champion alsacien pour en apprendre plus sur son parcours, son quotidien de joueur, sa préparation aux tournois et ses réflexions sur le jeu. Voici l’interview !
Peux-tu te présenter ?
Jean-Loup : Moi, c'est Jean-Loup Genin. J'étais facteur ces six derniers mois. Avant ça, j'ai travaillé dans la restauration, j’ai été gestionnaire de copropriété et j’ai travaillé dans le marketing. Là, je commence un nouveau travail en tant qu’auditeur d’asile au sein de l'OFFI, l'Office de l'Intégration et de l'Immigration à Strasbourg. Je ne fais jamais le même taf très longtemps. J’habite Strasbourg depuis trois ans, même si mes origines parisiennes remontent à la surface de temps en temps. J'arrive à sortir des petits “yo” et des “hopla”, afin de m'intégrer plus facilement. J'étais parisien jusqu'au début de ma vingtaine et ensuite, j'ai déménagé dans plusieurs villes, avant d’arriver à Strasbourg.
Quand es-tu tombé dans la marmite Warhammer 40K ? Peux-tu nous parler de ton premier souvenir avec ce jeu ?
Jean-Loup : Comme beaucoup de personnes de ma génération ou un peu avant, j’ai découvert Warhammer quand j'étais tout gamin. Je devais avoir moins de 10 ans, quand en vacances, je suis passé avec mon petit frère devant une boutique et qu’on a vu une Boîte V3 de Space Marines vs Eldars Noirs. On était des gamins et on a été impressionnés par ces super guerriers de l'espace. Et un peu par surprise, notre père nous a acheté la boîte à notre retour au camping. Quand on a ouvert la boîte, on s’est rendu compte qu’il fallait monter les figurines. Petite désillusion ! Bien sûr, on n’avait rien pour les assembler, alors le lendemain, on a dû acheter de la colle et des trucs pour découper. On ne connaissait pas les règles, on voulait juste avoir nos figurines avec les plus grosses armes possibles. On inventait des règles et c’était toujours le grand frère qui gagnait.
On a attendu quelques années avant d’entrer dans un Games Workshop. À l’époque, j'habitais à Meudon, près de Paris, et on s'est rendu compte qu'il y avait une boutique à Versailles. On y allait un peu comme dans une colonie de vacances. Mes parents nous y déposaient pour qu'on passe la journée, et comme ça, ils étaient tranquilles. Et nous, on zonait dans la boutique. C’est là-bas que j’ai commencé à faire mes premières parties. J’étais déjà un compétiteur, je ne voulais pas perdre. Mon petit frère, lui, c’était plutôt peinture, alors que moi, je détestais ça.
Quel est ton rapport à la peinture aujourd'hui ? Prends-tu plus de plaisir quand tu peins ou quand tu joues ?
Jean-Loup : Je fais partie de l'entre-deux. En fait, je suis hardcore des deux côtés. Je suis très compétitif, je passe énormément de temps à réfléchir à des listes, des concepts, des stats et à regarder des vidéos. Mais, j'adore aussi peindre. Quand j'étais gamin, j'étais un peu turbulent, j’avais beaucoup d'énergie. Le sport m’a permis de combler ce besoin de me défouler. Et aujourd’hui, la peinture me permet de répondre à ce besoin de me concentrer. Je fais toujours du sport pour me concentrer sur une activité physique, mais je fais aussi énormément de peinture parce que ça me permet de me vider la tête. Je peux regarder des vidéos, écouter des podcasts, écouter de la musique, ne rien écouter du tout et passer des heures à peindre. Je fais partie des joueurs qui passent beaucoup de temps sur leur armée. Je préfère jouer que peindre, car pour moi, c'est le jeu avant tout. Je pourrais jouer avec des bouts de carton, tant que les règles sont intéressantes. Mais je prends un énorme plaisir à peindre. Pouvoir mettre ses productions sur la table, c'est quelque chose d'assez agréable. J’aime aussi discuter avec d'autres peintres pour pouvoir progresser. Peindre me fait beaucoup de bien en tant que personne, parce que ça me permet de prendre du temps pour moi. C'est un peu comme le sport, c'est un temps pour soi où on se concentre sur une seule chose et je trouve que c'est hyper important. Pour moi, la peinture fait pleinement partie du hobby.
Et pourtant, enfant, tu détestais peindre…
Jean-Loup : Oui, c'est clairement venu après. Au début, j'avais mon petit “esclave”, à savoir mon petit frère, qui peignait mes figurines. Puis vers 13 ans, on a arrêté les figurines. Je n’ai repris le hobby que vers mes 18 ou 19 ans, suite à des blessures au sport. Et là, horreur et stupéfaction, je me suis retrouvé à devoir peindre mes figurines parce que mon frère ne voulait plus le faire. Et j’ai commencé à aimer ça. Je n’étais pas si mauvais en termes de dextérité. Et je voyais que je progressais. Comme ça coûtait cher, je me disais que je devais m'appliquer. Et j'ai surtout découvert que ça me détendait énormément, un peu comme la lecture. Et à partir de là, j'ai commencé à énormément peindre. D’autant qu’à l’époque, étant étudiant, je pouvais prendre ce temps pour la peinture. Aujourd’hui, je suis parvenu à équilibrer ma vie pour avoir du temps de peinture et d’en profiter.
Peux-tu nous en apprendre plus sur ton quotidien de joueur ? Combien de temps par semaine consacres-tu à ce jeu ?
Jean-Loup : Pour le côté compétitif, ça va vraiment dépendre des échéances. Si j’ai des matchs de Ligue ou des tournois qui approchent, les semaines avant, ça peut monter jusqu’à quatre ou cinq heures par jour. Et puis, il a aussi le dernier rush de peinture avant le tournoi que tous les joueurs connaissent bien. En temps normal, je passe en général environ une ou deux heures par jour en moyenne sur le jeu. Mais ça, c’est sans compter les parties. Sachant qu’une partie dure trois heures environ, si on en tient compte, ça augmente considérablement ce temps d'investissement.
As-tu le temps de jouer à d'autres jeux ?
Jean-Loup : Oui, j'essaie de jouer à d'autres jeux. Et quand je n’y joue pas, je regarde au moins les règles et les figurines. C'est extrêmement plaisant à faire. Je joue à 40K depuis maintenant trois ans, mais avant, j'ai beaucoup joué à d'autres jeux en compétitif. C’est aussi comme ça que j’arrive à progresser dans un jeu, en ayant des moments détentes à essayer d'autres jeux et à sortir un peu de cet univers ultra-compétitif pour retrouver le plaisir simple du jeu.
À quels jeux as-tu joué avant Warhammer ?
Jean-Loup : J'ai beaucoup joué à Warmachine, qui a été mon premier gros jeu compétitif. J’y ai joué pendant quelques années. J'ai fait les championnats du monde par équipe. Puis, je suis passé à Guild Ball quand Warmachine a eu une petite phase descendante. Sur Guild Ball, j'ai aussi fait les championnats du monde par équipe. Ensuite, j'ai joué un peu à Malifaux et après, je suis passé à Warhammer 40K. À chaque fois de manière compétitive, parce que c’est là que je prends le plus de plaisir.
Être compétitif en tournoi demande une bonne préparation. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Jean-Loup : Premièrement, il y a le fait de préparer sa liste avant la compétition. Dans le milieu de la compétition, on appelle ça une méta. Pour l’expliquer rapidement, la méta, c'est tout ce qui est joué et tout ce qui est fort à un moment donné. Il y a des équilibrages réguliers des règles et le but est de deviner ce qui va être joué pendant un tournoi. Donc, il y a une grande phase de réflexion à ce niveau-là. Cette phase est faite entre un mois et deux semaines avant le tournoi. Mais ça dépend du tournoi. La tâche est d’essayer de deviner ce que les autres joueurs vont jouer au tournoi et de déterminer si je veux plutôt avoir quelque chose qui va régler ces problèmes, créer des problèmes ou arriver avec un nouveau concept de liste qui déstabilisera tout le monde. Mais ça, ce n’est pas trop mon style. Moi, je suis plutôt du genre à régler des problèmes que d’en créer de nouveaux. Ça prend beaucoup de temps avant le tournoi. Lors de cette phase, on essaie beaucoup de choses, on fait beaucoup de parties.
Ensuite, à partir du moment où le rendu des listes est affiché, je vais lire toutes les listes. Maintenant que je connais un peu plus le jeu, cette étape est beaucoup plus simple. Avant, c'était totalement illisible, je n’y comprenais rien. Mais une fois qu'on commence à connaître les armées de tel ou tel joueur, on commence à connaître et à lire plus facilement les listes. Cette étape peut prendre à peu près trois ou quatre jours, si on veut vraiment faire ça correctement. Et il y a aussi les scénarios du tournoi. Il faut donc faire le combo entre les listes et les scénarios, et ça change beaucoup de choses.
Enfin, il y a à nouveau une phase de jeu où on essaie d'affronter les listes qui vont être au tournoi. Comme on ne peut pas jouer contre tout, en général, si on a la chance d'avoir un groupe de joueurs assez développé avec beaucoup de typologies d'armées différentes, on va essayer de jouer contre ce qui est le plus représenté au tournoi. Par exemple, si dans un tournoi à cent joueurs, l’armée la plus représentée est Thousand Sons, je vais essayer de jouer contre cette armée le plus possible.
Est-ce que tu complètes ton entraînement avec d’autres informations plus théoriques ?
Jean-Loup : Oui, je parlais des préparations de tournoi, mais on concrétise ça avec des informations, notamment sur des blogs. On y trouve notamment les listes fortes du moment, les analyses de listes et de métas. Et il y a aussi les vidéos, américaines pour l’essentiel. Aux États-Unis, ça pullule de contenus hyper intéressants. Mon niveau d'anglais me permet de saisir le fond, même sans être concentré à fond sur la vidéo. Tout le monde ne fait pas forcément ça, mais j'ai l'impression qu'il faut s’y mettre si on veut performer à haut niveau. On n’a pas le temps de jouer contre tout, donc avoir d’autres personnes qui le font et qui résument la partie, ça fait gagner un temps monstrueux et je pense que ça va devenir un peu obligatoire si on veut être au courant de tout ce qui se passe dans le jeu.
Pratiques-tu d’autres disciplines en complément ?
Jean-Loup : Le sport en général. J'ai toujours été sportif, mais pour faire le lien avec le compétitif dans les tournois, je dirais aussi l'hygiène de vie. Quand on fait du sport, on se rend assez vite compte que le sommeil et la nourriture sont importants. En tournoi, j'essaie de bien dormir, de me coucher tôt, de ne pas boire trop d'alcool, voire pas d'alcool du tout et de manger équilibré et sans excès. Tout ça joue énormément sur l'état de fatigue, notamment quand on fait plusieurs parties par jour. Avec trois parties par jour, lors de la dernière, en général, il y a beaucoup d'éléments hors jeu qui déterminent la victoire. Et ces éléments sont la fatigue et le bien-être, qui sont induits par le repos et la nourriture. On peut gagner des parties juste parce qu'on est moins fatigué que l'adversaire. Ça n’aide pas à mieux jouer, mais à moins faire d'erreurs.
Est-ce qu’il y a des joueurs de Warhammer 40K qui t’inspirent ?
Jean-Loup : Je ne suis fan de personnes, donc c'est un peu compliqué de répondre à cette question. Mais, je me suis vraiment investi dans le milieu de la compétition quand j'avais 18 ou 19 ans. À cette époque-là, je jouais sur Paris, notamment à la Waaagh Taverne et il y avait quelques joueurs qui ont été mes mentors et qui m’ont inspiré pour savoir quel type de joueur je voulais être : charismatique, fair play, respect de son adversaire, etc. Je pense notamment à Juju, Emiliano et Ça, avec qui je jouais à Warmachine. Alors, ça ne parlera peut-être à personne, mais ce sont trois joueurs sur lesquels j’ai modelé le joueur que je voulais être. Ils étaient très propres, très respectueux de l'adversaire et arrivaient à faire la distinction entre la compétition et les personnes qu'ils avaient en face d'eux.
Quels sont tes critères pour choisir ton armée avant un évènement ?
Jean-Loup : À 40K, j'ai beaucoup changé d'armée au début. Par exemple, une fois, c'était parce que le gameplay de l’armée que j'avais commencée était très monotone et un peu ennuyeux. J'aime bien avoir des armées qui me permettent de créer du jeu, de surprendre l'adversaire et d’avoir des possibilités de jeu pendant toute la partie.
Je choisis très peu mon armée en fonction de sa force. Je choisis celle que j’ai à la maison. Cette dernière année, je n'ai joué que “Sœurs de bataille” parce que je l'ai commencée l'année dernière, et je voulais jouer mes figurines tout simplement. J’ai donc commencé à jouer ces figurines quand elles étaient moins bonnes, puis quand elles sont devenues un peu meilleures et maintenant qu'elles sont très fortes, je continue de les jouer. Donc, je joue mon armée de cœur. Heureusement, en ce moment, c'est l’une des meilleures armées, donc tant mieux. Il faut que ce soit sympa à jouer. Pour donner quelques critères, il faut que ça bouge vite, que ce soit équilibré entre le corps à corps et le tir et qu’il y ait des ressources qui me permettent de fiabiliser des jets de dés. Voilà, ce sont un peu ces mêmes critères qui reviennent quand je choisis une armée.
Je recommande toujours aux gens de jouer une armée qu'ils ont envie de jouer. Peu importe qu’elle ne soit pas forcément dingue en ce moment. Si tu la connais par cœur, tu vas vraiment avoir une plus-value de joueurs sur ton armée qui va te permettre de gagner des parties. Donc, faites-vous plaisir avec vos armées ! Surtout qu'en ce moment où le jeu n’a jamais été aussi bien équilibré. Quasiment toutes les armées du jeu peuvent gagner, donc c'est excellent.
Grâce à ta victoire à l’OGRE 2024, tu as décroché l’un des deux derniers Golden Tickets pour The World Championships of Warhammer d’Atlanta. Vas-tu tenter ta chance outre-atlantique ?
Jean-Loup : Alors oui, j’avais annoncé dès le départ que si je gagnais le Golden ticket, j’irais à Atlanta. Donc ça, c'est sûr et certain. J'ai un peu d'argent de côté, alors ça me permet d'y aller sereinement sans me mettre dans le rouge financièrement.
Pour donner quelques chiffres, ça coûte entre 2000 et 2500€ pour y aller. Donc ça fait un vrai budget. Le billet d’avion m’a coûté un peu moins de 1000€ et ça revient à 250€ pour le logement. Ce qu’il faut savoir, c’est que le Golden Ticket me donne accès au championnat, mais rien n’est pris en charge par Games Workshop. Et l’accès au tournoi ne veut pas dire nourriture incluse, donc il faut aussi prévoir un budget nourriture une fois sur place. Ça coûte un peu cher de partir à Atlanta, mais c'était une expérience que je voulais vivre. On va se retrouver entre gamers hardcore à l'autre bout du monde et dans un environnement qui a l'air plutôt sain. On sent que Games Workshop a essayé de faire en sorte que le fair-play prime avant tout. Il n’y a rien à gagner, à part quelques petits titres de meilleur joueur sur telle ou telle faction. On est là avant tout pour passer un bon moment et j'aime beaucoup cette ambiance.
Comment fonctionne ce système de Golden Tickets ?
Jean-Loup : Le World Championship Warhammer 40K d'Atlanta est un tournoi organisé par Games Workshop. Il existe des championnats du monde individuels et par équipe organisés par la communauté, même s’ils sont sponsorisés par Games Workshop. Mais là, c'est vraiment l'événement de l’éditeur qui gère toute l'organisation.
Alors comment ça fonctionne ? Games Workshop distribue ce qu'on appelle des Golden Tickets, un peu comme dans Charlie et la Chocolaterie, à des organisateurs de tournoi qui vont organiser des “grands tournaments”, ces tournois d’une centaine de joueurs où les deux premiers - ça change en fonction du tournoi - reçoivent l'invitation pour partir au championnat du monde. Ces tickets ne sont pas nominatifs à un pays. Un joueur français qui remporte un tournoi en Allemagne ou en Suisse peut gagner un Golden Ticket délivré par le pays en question. Toutes les personnes ayant gagné ces fameux Golden Tickets se retrouvent à Atlanta où les meilleurs joueurs vont s’affronter et où chaque match ressemblera à un finale. Tout ça, sous l'égide de Games Workshop qui essaie d’en faire une compétition la plus saine et la plus friendly possible.
Ce qui est rigolo, c’est que la France a vraiment une excellente réputation au sein de la communauté internationale de Warhammer. Donc, merci à tous les joueurs français qui ont déjà participé au championnat du monde d’Atlanta l'année dernière et aux championnats du monde organisés par la communauté. C'est très agréable de lire des messages de personnes de plusieurs continents et nationalités dire que ça se passe toujours bien avec les Français.
Le championnat est fin novembre. Comment ça va se passer pour toi, ce dernier mois d’entraînement ?
Jean-Loup : Aux États-Unis, ils ont des règles un peu différentes sur le jeu en lui-même. Avec d'autres joueurs qui partent et d'autres qui veulent m'entraîner, on va jouer avec leurs règles pour s’en imprégner. Mine de rien, si pour un joueur néophyte, ça ne change pas grand-chose, pour un joueur compétitif, quelques règles qui changent ou une table qui change, ça change tout. Ça change les listes, les match-up, ça change plein de trucs. Donc là, ça va être un mois d'entraînement intensif.
Est-ce que tu pars seul ou as-tu prévu de rejoindre d’autres joueurs français ?
Jean-Loup : Je pars avec le joueur qui a gagné l’autre Golden Ticket à l’OGRE. Sinon, on est plusieurs joueurs français, autour d’une vingtaine, à aller à Atlanta. Et il y a un vrai esprit de groupe. On y va en tant que pays, tous les joueurs français auront le même maillot, que ce soit Warhammer 40 000, Kill Team ou Age of Sigmar. On sera vraiment une équipe française là-bas, donc ça va être assez cool. Lors du championnat du monde, les joueurs se battent pour gagner un titre individuellement, mais aussi en équipe, puisque les points cumulés des joueurs comptent aussi pour un classement par pays. Donc, on y va aussi pour représenter la France.
Entre jeu, art ou sport, la frontière peut être ténue. Comment considères-tu Warhammer 40K ?
Jean-Loup : En peu les trois. Ça va dépendre du moment. C'est un hobby très complet, ce qui peut expliquer cette pluralité de facettes. Le côté artistique s’explique par le montage de figurines, la peinture ou la création d'une armée. Pour la différence entre le jeu et le sport, ça va dépendre de mon état d’esprit. Si j’affronte quelqu'un de moins fort que moi, le but sera plutôt de faire une sorte de démo, une partie explicative. Même chose si on fait un scénario de jeu. Quand on est moins sur le côté compétitif, j'arrive à le prendre comme un jeu et à jouer avec mon adversaire, à faire des actions un peu fun. De temps en temps, j'ai besoin de voir Warhammer 40 000 comme un jeu et non pas comme un sport ou comme un jeu compétitif. Je n’arrive plus à prendre du plaisir, si je ne fais que de la compétition. Enfin, pour le côté sportif, on en a déjà un peu parlé, il y a beaucoup de liens entre le sport physique et le sport intellectuel en termes d’hygiène de vie et de préparation. Et c’est vrai que le côté compétitif amène cette dimension sportive.
Chacun peut profiter du hobby d’une manière différente et prendre la dimension qu’il préfère. Moi, j'aime bien avoir les trois visions et les intégrer dans ma pratique de ce jeu. C'est le meilleur moyen d’en profiter sans en être saoulé à force.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite progresser dans Warhammer 40K ?
Jean-Loup : Le premier conseil serait de se fixer des objectifs ou en tout cas d'être conscient des objectifs qu'on veut atteindre dans un premier temps. Bien sûr, cela peut évoluer au cours du temps, mais ça permet de se donner une idée de l'investissement personnel. Beaucoup de joueurs veulent progresser en termes de niveau, mais ne savent pas exactement jusqu’où ils veulent s'arrêter. Et l'investissement induit par cette réponse est complètement différent. Il y a des joueurs qui ne voudront jamais aller au championnat du monde. Il y en a qui veulent juste terminer dans la première moitié des meilleurs joueurs d’un tournoi. Ou dans le premier tiers, dans le premier quart, etc. En fonction de ça, l'investissement à fournir n’est pas du tout le même. Ça permet de structurer la manière à laquelle on va jouer. Si on veut faire partie des meilleurs, il faut être prêt à consacrer un temps important à ça, sinon on peut avoir le sentiment de ne pas progresser assez vite et être démotivé. À mon arrivée sur Strasbourg, j’étais dans la restauration et je ne jouais pas du tout de manière compétitive à 40K. Mon rythme professionnel m'empêchait de m'investir à fond. Depuis le début d'année 2024, j'ai un rythme de vie plus classique, et j’ai pu me remettre à fond dans le compétitif et faire les efforts pour performer.
Ensuite, je suis désolé pour ceux qui n’aiment pas les maths, mais mon deuxième conseil est d’apprendre à faire des stats. La compréhension des maths et des probabilités de réussite de certaines actions est clairement ce pourquoi je joue à ce jeu-là. Dans une partie, celui qui fait les meilleurs choix au fur et à mesure va gagner la partie et c'est ce qui est intéressant. Mais pour savoir que c'est le meilleur choix, il faut faire des statistiques et des probabilités. Sinon, vous allez vous retrouver à prendre des décisions en pensant que ce sont les bonnes, mais en fait non. Et surtout, vous allez vous retrouver à écouter votre adversaire vous parler de ses statistiques. Si vous avez du mal à les calculer en temps réel, faites-vous des tableaux avant parce qu’il y a des profils qui reviennent très souvent quand on décortique le jeu. Je le vois avec les "top table", les joueurs qui s'investissent énormément dans le jeu, ils connaissent tous les stats.
Voilà, c’étaient mes deux conseils. En tout cas, moi, c’est ce sur quoi je me concentre quand je veux m’investir dans un nouveau jeu de figurines.
Merci à Jean-Loup de nous avoir partagé ses souvenirs, ses conseils et son quotidien de joueur compétitif. Bonne chance pour Atlanta !