Positif et ouvert à tous, Donjons et Chatons est un jeu de rôle et d’aventure qui se déroule dans un univers original mêlant contes animaliers, MedFan et post-apo. Alors que la campagne Aux Sources de la Miagie vient de sortir, nous nous sommes entretenu avec Trickytophe, l'un des co-auteurs pour en apprendre plus sur ce jeu à succès. Voici l'interview !
Peux-tu nous dresser ton “pédigrée ludique” pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?
Trickytophe : Moi, c’est Trickytophe, rôliste passionné depuis bientôt 35 ans. Je joue toujours régulièrement. Je suis sans doute plus MJ que joueur.
J’ai toujours écrit dès mes débuts dans ce loisir : des scénarios, des campagnes de jeu, des aides de jeu, du développement d’univers, etc. Je le fais maintenant de manière plus professionnelle depuis environ 8 ans. J’ai commencé avec le Royaume des légendes grâce à Batronoban. J’ai ensuite enchaîné pas mal de créations ou collaborations au fil des années : Héroïques, Colonial Gothic VF, Nautilus, Aquablue, Awaken, Donjons et Chatons, etc. J’ai pu aussi participer à des jeux plus indépendants : Les 7 Rois, Calliopé, Millevaux - Ère forestière…
Actuellement, je travaille sur Inachevés et j’ai d’autres projets en cours ou en tête.
Vous pouvez retrouver ma bio sur le GROG : https://www.legrog.org/biographies/trickytophe Et suivre mon actualité pro sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/trickytophe-0999b01b3/
D’où vient ton pseudo ?
Trickytophe : Mon prénom est Christophe. On me dit rusé (je joue à pas mal de jeux de plateau, de cartes ou de société… ça va avec…). De plus, à la fac, dans les années 90, j’écoutais le groupe de trip hop : Tricky. Et voilà, le mélange et le résultat ! Bref, ce pseudo me suit depuis bien longtemps, à vrai dire depuis des décennies... Aujourd’hui, la plupart des gens qui me côtoient, mes amis, mes copains, etc. m’appellent en version raccourcie, Tricky.
Ces dernières années, tu t’es illustré en étant l’un des co-auteurs du très surprenant Donjons & Chatons. Peux-tu nous dire comment est né le projet ?
Trickytophe : L’univers de Donjons et Chatons est né initialement dans l’esprit de Clément De Ruyter. C’est son bébé. Clément voulait et veut toujours en faire une série d’animation. Clément est aussi un rôliste convaincu. Il voulait développer en parallèle son univers en jeu de rôle. François est fan du travail d’illustrateur de Clément qu’il avait repéré sur le net et ils ont collaboré pour la couverture des Écureuils attaquent ! François a aussi mis la main sur la version mini que Clément avait mise en ligne et lui a proposé de le développer et de l’éditer dans la gamme famille que le studio voulait lancer (avec Les Écureuils attaquent ! justement). François nous a donc présenté Clément au Grümph et à moi. On le connaissait déjà un peu pour avoir croisé certains de ses dessins. On a tout de suite accroché les uns les autres. Peu à peu, on a développé tous ensemble l’idée d’un jeu de rôle positif et familial. De plus, le Studio Deadcrows voulait s’investir dans cette démarche tournée vers un nouveau public et les familles. On a été soutenu à 100% dès le début ! Merci Stephan ! Cette émulation et cette synergie ont abouti à ce beau projet.
En tant qu’auteur, j’ai eu à cœur de développer l’univers initial de Clément pour le propulser plus loin avec des régions inédites, des personnages haut en couleur, une histoire solide, de nouvelles approches et des péripéties. Bref, ce fut un beau travail d’équipe passionnant. Aujourd’hui, je suis heureux de continuer à travailler dans ce formidable univers !
À qui s’adresse le jeu ? Quelle était la cible de D&C au moment de l’écriture ?
Trickytophe : Donjons et Chatons est un jeu très ouvert. Il s’adresse aussi bien à l’enfant qu’à l’adulte, au rôliste comme au néophyte. Notre cible est clairement la famille, mais notre but est de toucher toutes les familles, qu’elles soient sensibilisées au jeu de rôle ou non. Ainsi, Donjons et Chatons s’inscrit dans une démarche universaliste. Nous voulons que chacun puisse trouver ce jeu intéressant et attractif. Nous nous adressons au public déjà rôliste ou simplement initié comme à ceux qui veulent se lancer. Nous voulons également que les enfants puissent découvrir sereinement ce fantastique loisir qu’est le jeu de rôle. Notre objectif est de faire de Donjons et Chatons une porte d’entrée vers le jeu de rôle, une porte ouverte à tous et à toutes, une référence. De fait, tant dans les règles, l’univers, les aventures, le game design, l’écriture, etc., nous avons essayé de nous adresser au plus grand nombre, sans pour autant nous perdre en chemin. Il était aussi important pour nous que Donjons et Chatons puisse aussi intéresser la communauté habituelle.
D&C a été écrit par quatre auteurs (François Cedelle, John Grümph, Clément de Ruyter et toi-même). Comment ça s’est fait ? Aviez-vous déjà travaillé ensemble ?
Trickytophe : J’avais déjà collaboré avec François. Je connaissais et appréciais le travail incroyable du Grümph. J’avais vu passer des dessins de Clément. Finalement, le travail d’équipe a été plutôt facile. Malgré nos différences, on a fondé un tout cohérent. Je crois que l’on a tous pris plaisir à bosser ensemble. Cela doit se ressentir à la lecture du bouquin. On a beaucoup appris les uns des autres. Ce fut un travail de longue haleine. On s’est beaucoup investis. On a sacrément réfléchi, etc. On a bossé comme des dingues ! Mais, finalement, ce fut une expérience fluide avec de nombreux échanges et beaucoup de respect mutuel. Cela valait le coup !
Comment écrit-on un jeu de rôle à huit mains ? Avais-tu déjà vécu ce type d’expérience créative ?
Trickytophe : Avec beaucoup de réunions, de coordination, d’échanges et d’écoute. Ce n’est pas toujours facile. Il faut savoir faire des compromis, se remettre en question, accepter la parole de l’autre, etc. C’est aussi et surtout une question de confiance.
On s’est réparti le travail. Le Grümph était plus sur les règles et les conseils de jeu. Moi, sur le développement de l’univers, les personnages et les aventures. Clément dessinait et prodiguait des avis vraiment utiles. François coordonnait. Mais, tout cela n’était jamais figé et chacun pouvait expérimenter ses bonnes idées. Le Grümph a fait des aventures, Clément aussi, François a tout relu, j’ai pu m’exprimer sur les règles, etc.
Personnellement, j’aime le travail d’équipe. Je trouve cela exaltant. Je n’avais pas encore travaillé dans un format aussi ouvert, mais ce fut génial ! Le jeu de rôle est collaboratif par essence.
Aviez-vous des références précises en tête au moment de l’écriture ?
Trickytophe : Plein ! Je suis moi-même fan de D&D. Clément nous a expliqué son univers, les idées et les valeurs qu’il voulait y mettre, ses propres références ludiques, artistiques, etc. Cela étant, on a ajouté nos propres visions, nos goûts et nos envies. On a pioché large avec de multiples références rôlistiques, littéraires, musicales, de dessins animés, de bande dessinée, de contes, etc. Franchement, Donjons et Chatons nous a beaucoup inspiré et transporté ! Finalement, nous avons accouché d’un magnifique bébé, fort de l’ensemble de nos imaginaires croisés et mélangés.
D&C a été le jeu de rôle le plus vendu chez Philibert en 2023 et 2024. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
Trickytophe : Non. Sans fausse modestie, nous pensions avoir conçu et écrit un bon jeu de rôle. On y avait mis du cœur et de l’énergie. Nous étions heureux d’avoir respecté jusqu’au bout nos envies et notre démarche créative. Nous étions fiers du résultat. Les écrits étaient riches et cohérents. Les dessins de Clément étaient superbes, la maquette chouette, etc. Nous espérions que le jeu trouve son public, mais nous ne nous attendions absolument pas à une telle réussite. Merci tout le monde ! Vous êtes formidables ! Donjons et Chatons est un succès avant tout grâce à vous !
Comment expliquez-vous un tel succès ?
Trickytophe : Je pense que le public a compris notre démarche et a ressenti la sincérité du projet. Il a aussi pu voir et lire toute notre passion à travers les pages du livre.
Donjons et Chatons est une déclaration d’amour envers le jeu de rôle. De plus, ce jeu traite de sujets profonds et n’est pas qu’un jeu pour enfants. L’univers proposé est doux-amer, tout en nuances. La qualité tant dans le fond que la forme est au rendez-vous. Notre respect pour le public et la communauté y est palpable aussi. Ainsi, peu à peu, Donjons et Chatons est entré dans les familles, les écoles, les centres de loisirs, les ludothèques, les associations, les clubs, etc. Sa popularité est devenue évidente !
Ce jeu répond aussi à une envie actuelle d’optimisme, de lumière, de couleurs, etc. Donjons et Chatons est donc également arrivé au bon moment. C’est un jeu de rôle de son temps ! En résumé, ce succès s’explique par tout un contexte. Il est issu d’une sorte d’alignement des planètes et de beaucoup, beaucoup de travail.
La campagne Aux Sources de la Miagie laisse espérer que l’univers peut encore se développer. D’autres campagnes sont-elles prévues ? En avez-vous terminé avec D&C ?
Trickytophe : Tout est possible ! Nous avons d’autres projets en tête pour cet univers et ce jeu. On verra… Sachez déjà qu’une boîte d’initiation sortira avant la fin d’année avec de nouvelles aventures de mon cru. Ensuite, il n’est pas dit que d’autres courtes aventures voient le jour dans un autre format, avec d’autres auteurs. La diversité a du bon. Et pourquoi pas, plus tard, une nouvelle campagne aux enjeux majeurs.
Avez-vous une anecdote particulière sur D&C à nous partager ?
Trickytophe : Bibi, Caramel et Grisou sont nos propres Chatons incarnés lors de nos premiers playtests avec Clément, François et moi, et avec le Grümph comme Conteur.
J’avoue que si on m’avait dit au lycée, alors que j’étais un adolescent dans toute sa splendeur, et alors que le grand ancien était mon livre de chevet, qu’un jour, j’écrirais un jeu de rôle nommé Donjons et Chatons, j’aurais bien ri. Aujourd’hui, près de 35 ans plus tard, je me dis que le jeu de rôle me surprendra toujours !
Fier d’être rôliste !
