Débarqué chez Philibert à la fin du mois d'août, THE FIVE est un jeu de figurines made in France qui revisite le genre de l'escarmouche. Oubliez les parties à rallonge et les règles aussi longues que le nez de Pinocchio, le jeu se veut rapide, nerveux, fun et très accessible. Pour en savoir plus sur son histoire, nous avons eu la chance d'échanger avec Jean-François Hugon, l'auteur et l'éditeur de THE FIVE. Voici l'interview !
Philibert : Bonjour Jeff, peux-tu te présenter et nous dire ce que tu as fait dans le milieu ludique jusqu’à présent ?
Jeff : Je m’appelle Jean-François Hugon (Jeff pour tout le monde, sauf pour ma mère ^^). J’ai 51 ans, et j’ai un magnifique petit garçon de cinq ans avec ma compagne, et aujourd’hui associée au projet, Frédérique. Je baigne dans le milieu ludique depuis quasiment toute ma carrière professionnelle. J’ai démarré comme artiste infographie 3D et animateur 3D dans le monde du jeu vidéo pendant plusieurs années pour évoluer vers le métier de réalisateur de courts métrages, Prof 3D et responsable de projets dans une école supérieure des métiers de l’image à Bordeaux, ou je suis resté 14 ans. Je me consacre entièrement, depuis 2022, à la création de mon jeu de figurines THE FIVE.
Philibert : Que fais-tu dans la vie quand tu ne travailles pas sur THE FIVE ?
Jeff : Je suis passionné par les défis en tous genres, et le sport est un vrai terrain d’expérimentation. J’en pratique pas mal : Triathlon, tir à l’arc traditionnel, running, etc. J’aime aussi m’amuser par exemple avec les circuits miniatures (pour lesquels je conçois aussi des objets 3D), le modélisme radiocommandé, les jeux de plateaux et de société… et d’autres choses diverses et variées. C’est vital pour moi. C’est ma manière de m’évader, d’apprendre, de découvrir et de nourrir mon quotidien.
Philibert : THE FIVE est ton premier jeu. Comment l’aventure a commencé ? Quelles étaient tes motivations ?
Jeff : Oui, mon premier jeu en "vrai", en "palpable". Je me suis rendu compte que je n’arrivais pas à trouver un jeu de figurines simple d’accès, avec un fonctionnement plus ludique qu’avec une flopée de cartes où je me perds facilement. Je voulais quelque chose de nerveux, rapide, fun, et qui me donnerait l’impression de jouer dans un diorama. L’idée était donc simplement de créer un jeu de figurines fun et nerveux avec lequel je pourrais me divertir entre potes, sans me bloquer plusieurs heures dans mes journées bien remplies, et sans me casser la tête avec des règles trop complexes. Comme beaucoup de ma génération, entre famille et enfants (dont je veux profiter au maximum), il était hors de question que je passe des après-midi ou journées entières cloîtré autour d’une table de jeu. THE FIVE se devait donc d’être rapide à jouer, avec des parties autour d’une heure max (mais rien n’empêche d’en faire plusieurs :D) En toute franchise, THE FIVE n’avait pas pour objectif d’être commercialisé. Mais ma compagne et un ami m’ont "forcé la main" pour présenter mon prototype dans un festival pour recueillir les avis du grand public. Challenge accepté, ce fut Périjeux. Les retours sur mon prototype ont été tellement encourageants (certains voulaient déjà nous acheter une boite :D), qu’avec ma compagne, nous nous sommes dit : "Et bin, pourquoi pas ?" Nous savions que le projet allait être complexe à monter et à le rendre viable. Mais l’aventure nous tendait les bras et c’était bien trop excitant pour passer à côté.
Philibert : Combien de personnes sont impliquées dans le projet ?
Jeff : Nous sommes trois pour le moment ;) La deuxième étant ma compagne qui m’a rejoint sur le projet, après Périjeux, pour prendre en main sérieusement le projet de commercialisation (administratif, fournisseurs, commercial, site internet, réseaux sociaux, partenariats…). La troisième personne est un ami de longue date, Fred, qui est devenu depuis environ un an mon « bêta testeur » en chef. Je sollicite aussi régulièrement des avis de wargamers pros, que j’écoute avec attention.
Philibert : En matière de jeux d’escarmouche, avais-tu des références ludiques particulières ?
Jeff : Tous les wargamers connaissent Warhammer, mais je connaissais mieux SWL. Je vais me répéter, mais une des seules choses que je reproche à ces jeux, (très bons jeux en passant), c’est le temps interminable des parties… et les « capacités ou améliorations » à rallonge que l’on oublie la moitié du temps d’appliquer tellement il y a de cartes autour de nous.
Philibert : Tu es fan des westerns spaghetti et de Tarantino. Pourquoi c'était important d'inclure ces références dans ton jeu ?
Jeff : Je suis fan des westerns spaghetti, car ils représentent le top niveau de la version romancée du farwest, avec des héros complètement improbables, et du fait, parfaitement fantasmagoriques. C’est donc pour moi, un superbe univers pour ce qui est de notre imaginaire. Et Tarantino, comment dire ? C’est le roi des situations loufoques et le créateur de personnages au charisme tellement attachant que même les plus "badass" vous donnent envie d’être EUX. Un peu comme lorsque j’étais gamin, et que George a créé VADOR. Il y a quelque chose qui tient de la nostalgie dans mon amour pour Tarantino. Mais de la nostalgie qui traverse le temps sans y apporter de tristesse ou de mélancolie », seulement une atmosphère FUN !
Philibert : THE FIVE a un design original pour un jeu de figurines. Peux-tu nous parler de ton univers graphique ? Est-ce qu’il y avait une volonté de rendre identifiable le jeu au premier coup d’œil ?
Jeff : Le design, je l’ai très rapidement défini pour THE FIVE. J’aime la force de la simplicité, la synthétisation, celle qui, pour moi, se dégage d’un très bon design (je ne dis pas que le mien est très bon). J’ai une admiration pour l'artiste qui, de trois coups de crayons, fait comprendre à tous : un personnage, une intention, une situation… De plus, le design des figurines et objets de la majorité des jeux d’aujourd’hui est réaliste ou tend à l'être. Pour le coup, THE FIVE dénote et on le reconnaît au premier coup d’œil. La force de la "synthétisation", donc ;)
Philibert : Peux-tu nous parler de la conception des figurines ?
Jeff : Toutes les figurines et objets du jeu sont imaginés et créés par mes soins grâce à un logiciel de modélisation 3D. Le fait d’avoir déjà dans mon garage des imprimantes 3D, m’a permis de valider à chaque étape du projet, la viabilité des prototypes des objets et figurines en résine. La conception, c’est un peu ma compétence phare. J’ai fait cela pendant pas mal d’années avant THE FIVE, je ne voyais donc pas pourquoi j’allais déléguer cette partie aujourd’hui. Rôle que j’adore de surcroît. Je m’occupe aussi moi-même de toute la production et la fabrication de chacun des éléments qui composent le jeu. Et le tout est fait en FRANCE ! Et ça, c’est dans nos valeurs.
Philibert : Tu as créé ta propre maison d’édition pour THE FIVE, les éditions Hugon. Pourquoi avoir fait le choix de l’autoédition ?
Jeff : Eh bien avec Frédérique, ça nous a paru assez naturel. Il nous semblait indispensable d’en garder le contrôle pour garantir une fabrication raisonnée de notre jeu, en sélectionnant des fournisseurs français de qualité, en produisant nous-mêmes les objets et figurines en résine et ainsi de pouvoir en maîtriser les coûts. On a vite compris que plus on réduisait les intermédiaires, plus on faciliterait notre quotidien tout en proposant un prix de vente cohérent. Suite au festival de Périjeux, des éditeurs curieux sont venus nous voir, intéressés par le projet, mais surtout bluffés par le niveau de réalisation du prototype, qui était déjà un jeu à leurs yeux :) Ils nous ont donc expliqué que le projet était beaucoup trop "abouti" pour eux, et qu’aujourd’hui, ils achètent surtout des projets à l’état embryonnaire, quasi "papier/carton", et qu’ils ne pourraient pas produire, en termes de coûts, une telle réalisation full 3D résine. Encore aujourd’hui, cela me fait sourire : pendant que l’on discutait, ils ne pouvaient pas s’empêcher de tripoter notre barillet et nos mini liasses de billets. THE FIVE est irrésistible ! :D
Philibert : Envisages-tu d’éditer des jeux d’autres auteurs ?
Jeff : Pourquoi pas. Mais avec un créateur qui serait un vrai designer 2D, et que nous embarquerions avec nous, afin qu’il continue son travail de création. Nous ne voulons pas "acheter un proto".
Philibert : Quel est le futur de THE FIVE ?
Jeff : Une longue vie !? Bill, Butch et les autres veulent vivre longtemps. Nous ne voulons pas que ce soit un jeu "jetable". C’est pourquoi des extensions sont, bien entendu, au programme. Mais pour cela, il faudra que le jeu se répande sur les tables. Le futur de THE FIVE est donc avant tout entre les mains des joueurs d’aujourd’hui et de demain. Et pour qu’il y ait un demain, et donc un futur, il faut acheter THE FIVE :D Nous avons créé un groupe dédié sur DISCORD pour que les joueurs rejoignent la communauté, fassent vivre et évoluer l’univers (certains de nos fidèles cowboys ont déjà créé des missions), et qu'ils convainquent leurs potes d’adopter un clan ;)
Philibert : Travailles-tu sur d’autres projets de jeux ?
Jeff : J’ai beaucoup d’idées en tête, une nouvelle idée tous les deux jours, et malheureusement, je n’ai qu’un cerveau et deux mains. Donc tout cela attendra (que des bras me poussent !) Mais j’ai aussi pas mal d’idées qui concernent déjà THE FIVE, avec des clans, des armes, des séries limitées "évènementielles", des représentations graphiques, et surtout des gameplay très (très) fun pour flinguer !