Pioche & Rejoue est un magasin proposant des jeux de société, jouets et livres jeunesse de seconde main situé dans la région de Rennes. Une réponse écologique et économique que nous vous proposons de découvrir à travers l’interview de ses deux fondateurs, Océane et Hugo.
Bonjour, Pioche & Rejoue, qu’est-ce que c’est ?
Pioche & Rejoue : C'est une boutique de jeux, jouets et livres jeunesse de seconde main, qui pratique le rachat direct, le contrôle, le nettoyage et la revalorisation du produit quand cela est possible, avant la remise en vente. Nous proposons également plusieurs services de location, en partant de la classique ludothèque, aux jeux extérieurs, jusqu'aux box de jouets pré-construites selon l'âge de l'enfant. Ça peut prendre la forme d'une location ponctuelle, d'un abonnement mensuel ou encore une location avec option d'achat ! On souhaite apporter du choix, du conseil, et une expérience client au sein de la boutique qui diffère des options de seconde main déjà disponibles (Cash Converters, Emmaüs, vide-greniers, Vinted...). Chez nous, vous pouvez prendre les yeux fermés et offrir sans craindre la déception du produit incomplet.
Qui est derrière le projet ?
Pioche & Rejoue : Océane et Hugo, tout juste trentenaires. Nous sommes en couple depuis 10 ans, parents de deux enfants de 5 et 3 ans. Hugo a un cursus, à la base, d'événementiel sportif, il a beaucoup travaillé sur l'organisation de triathlons, etc. En parallèle, il a pu expérimenter la vente chez décathlon, puis Cultura, avant de basculer vers l'univers ludique en intégrant Créanim', une boîte d'événementiel ludique qui organise des Sherlock géants dans la ville. Océane est kinésithérapeute depuis 10 ans, mais son métier de cœur, c'est l'animation, les enfants, le jeu, qu'elle a pu expérimenter pendant des années avant son diplôme de kiné.
Comment l’aventure a-t-elle commencé ?
Pioche & Rejoue : Quand on est arrivés sur Rennes, couple dynamique et sans enfant, nous nous sommes très vite retrouvés à L'Heure du jeu, un bar à jeux de Rennes. On y était plusieurs fois par semaine, on a commencé à acheter les jeux qu'on essayait, beaucoup, beaucoup, beaucoup (tout le monde connaît ça par ici, on ne va pas se mentir). C'est vite devenu une vraie passion, qu'on partage tous les deux. Nous sommes également mordu.e.s de braderies, depuis très jeunes, où nous nous rendions avec nos parents respectifs. On a gardé cette habitude et on a vite appris à repérer les bonnes affaires. Pour le portefeuille d'abord, mais aussi pour l'impact écologique que ça représente de consommer d'occasion. Puis, à force d'acheter pour nous, on a fini par acheter pour revendre derrière, afin d'arrondir les fins de mois. On a vu qu'il y avait de la demande, les gens étaient toujours ravis de trouver le jeu qu'ils cherchaient depuis un moment, les articles ne restaient pas très longtemps en ligne. On a fait ça quelques années. En parallèle, on sentait l'envie de lancer une affaire ensemble, sans jamais trop oser y aller. Et puis, Hugo avait de plus en plus de mal à s'investir au travail, il avait besoin d'entreprendre, de se lancer. Alors, on s'est dit "Go, c'est parti, on demande la rupture conventionnelle". Depuis, il est à 100 % sur le projet, et Océane est derrière, en feedback, elle gère la com’, les réseaux et le rachat. Elle quittera son emploi dès que les revenus de la boutique le permettront !
Pouvez-vous nous expliquer votre nom ?
Pioche & Rejoue : Au début, avant d'y penser sérieusement, on était partis sur des noms très "jeu de mots de coiffeur", le premier fichier Excel s'appelait Je'ux récup'. Puis, on s'est dit que non, ça parlait de seconde main, c'est sûr, mais on voulait un nom plus fédérateur, qui puisse attirer les gens sensibles à l'écologie, mais également ceux qui en sont un peu plus loin, et qui n'auraient pas l'impression de rentrer dans une recyclerie. On y a réfléchi longtemps, comme on cherche le prénom d'un enfant, puis, on s'est dit oui, “Pioche & Rejoue”, c'est évident, clair et logique. C'est facile à retenir et ça fait référence au jeu de société qu'on affectionne.
Pourquoi vous intéressez-vous aux jeux de seconde main ?
Pioche & Rejoue : Pour plusieurs raisons, que vous imaginez sans doute. D’abord, pour la bonne affaire, ce sentiment d’avoir trouvé une “pépite” pour pas cher. Pouvoir tester des centaines de jeux qu’on aurait jamais achetés et tomber sur des trucs vraiment cools ! C’est super stimulant et on devient vite accro à ce sentiment d’avoir fait une bonne trouvaille. Quand on a un côté “acheteur.se compulsif.ve”, ça canalise et ça coûte bien moins cher ! La deuxième chose, bien sûr, c’est l’impact écologique que ça représente. On a moins de mal à consommer un produit qui a déjà été “produit” et utilisé. C’est encore plus vrai quand on a eu des enfants, la moyenne de vie d’un jouet, c’est huit mois. Pour les bébés, c’est encore moins, dès qu’ils grandissent et passent à l’étape motrice suivante (et croyez-nous, ça vient vite), le jeu devient obsolète. Tous les jouets et la plupart des vêtements des enfants ont été achetés d’occasion. On a également utilisé les couches lavables, toujours dans cet esprit d’éviter la surconsommation polluante.
En quoi vous distinguez-vous d’un dépôt-vente ?
Pioche & Rejoue : On fonctionne sur le principe de l’achat-revente. On prend le risque en quelque sorte de garder l’article sur les bras, s'il ne trouve pas preneur. Le client, lui, repart avec l’argent, que le jeu soit vendu ou non derrière ! Le tarif de reprise est fixé par nos soins, selon l’état et le “risque” que l’on prend : Est-ce que le produit est très présent sur le marché de l’occasion ? Est-ce qu’il va partir vite ? Est-ce qu’on le possède déjà en grande quantité ? Etc. Il sera forcément en dessous du prix du marché de l’occasion, mais le client repart les mains vides et le portefeuille plus garni qu’à l’arrivée !
L’avantage pour l’acheteur, c’est que les produits ont été vérifiés et que toute pièce manquante ou détériorée soit mentionnée. Donc, pas de mauvaise surprise.
Racontez-nous votre processus de mise en vente. Comment dénichez-vous les jeux et que faites-vous avant de les mettre en rayon ?
Pioche & Rejoue : Pour le moment, notre moyen de nous fournir en jeux d’occasion est mixte. On rachète directement auprès des particuliers qui nous contactent après une première estimation du prix sur photo, puis on se donne rendez-vous et on achète. À côté de ça, on continue les braderies le dimanche matin et on achète également un peu en ligne sur les plateformes lorsqu’on trouve des gros lots intéressants. Pour les gens qui nous contactent et qui ne sont pas près de Rennes, pareil, après estimation photo, on convient d’un envoi via une plateforme de seconde main afin de bénéficier de la protection du site en cas de lot incomplet ou vraiment abîmé. À terme, on aimerait que le rachat direct suffise à garnir les rayons.
On récupère gratuitement les jeux incomplets ou très abîmés pour pouvoir compléter d’autres jeux incomplets.
Ensuite, on vérifie le matériel, on recompte toutes les pièces, on répare ce qui peut être réparé, on nettoie ce qui peut être nettoyé, on référence sur notre fichier et le produit peut rejoindre les rayons !
Combien de jeux comptez-vous à ce jour ? Et avez-vous des objectifs pour faire grossir votre catalogue ?
Pioche & Rejoue : Aujourd’hui, nous totalisons 2500 jeux de société (dont 500 qui seront réservés à la location exclusive), 1500 jouets/loisirs créatifs/puzzles, et 1100 livres. Le tout, stocké dans un petit box, notre grenier, notre cage d’escalier, le tour du canapé…! Mais nous récupérons les clés du local cette semaine, et nous allons pouvoir commencer à réorganiser tout ça plus facilement ! On souhaite évidemment avoir le plus de choix possible dans la boutique, pouvoir représenter le plus large horizon ludique possible, en partant du scrabble et du uno, en passant par le skyjo, pour aller jusqu’à du Gloomhaven ! Tout le monde doit pouvoir trouver jeu à sa Kallax.
Nous avons également un partenariat avec les boutiques ludiques du centre, Sortilèges et Terre de jeux, chez qui nous achetons en neuf des nouveautés pour les intégrer à notre espace ludothèque. Si les clients souhaitent ensuite acquérir le jeu, ils peuvent se rendre dans ces boutiques avec un justificatif de location qui leur permettra de bénéficier d’une remise sur l’achat de ce même jeu.
Pouvez-vous nous parler de votre campagne Ulule ?
Pioche & Rejoue : La campagne a été lancée le 3 octobre, pour une durée de 35 jours. Elle prend fin le 7 novembre. Nous avons fixé l’ambitieux objectif de 10 000 euros, qui vont nous permettre d’aménager un coin enfant dans la boutique, où des jeux et jouets seront en libre accès, afin de canaliser les envies débordantes des enfants de jouer dans une caverne d’Ali Baba remplie de trésors ! Cela nous permettra également d’investir dans les jeux neufs qui rejoindront la ludothèque, la “décoration ludique” du magasin, mais également des sacs et emballages cadeaux plus respectueux de l’environnement et qui coûtent par conséquent plus cher.
Nous sommes par ailleurs associés à l’association Haroz, qui améliore les conditions des enfants hospitalisés, et qui, entre autres, leur rend visite costumés en super héros, princesse ou mascotte. Si nous parvenons à notre objectif de 10 000 euros, nous pourrons alors reverser 1000 euros à l’association, et ces derniers se rendront alors disponibles pour l’inauguration de la boutique, afin d’animer cette super journée !
Il s’agit d’une cagnotte en tout ou rien, donc si nous n’atteignons pas la somme fixée, tous les contributeurs seront remboursés.
En contrepartie de votre participation, vous pouvez bénéficier de location offerte ou bien encore de bons d’achats valables en boutique ou sur notre vente en ligne !
On compte sur un maximum de soutien, même le plus petit don est le bienvenu ! (Le lien ici : https://fr.ulule.com/pioche-et-rejoue/)
Quand comptez-vous ouvrir votre magasin ?
Pioche & Rejoue : Nous avons fixé l’inauguration au 16 novembre, donc idéalement, il faudrait ouvrir cette semaine-là ! On est encore dans les temps, donc on donne tout pour respecter cette deadline !
Quel est votre rayon de vente ? (Actuel et futur)
Pioche & Rejoue : Nous vendons préférentiellement en direct pour le moment, sur les marchés de Noël à venir, dans la boutique, ou encore dans les festivals de jeux où l’on est présent. Mais nous proposons également de la vente en ligne avec la marketplace de Philibert. On garnit le catalogue au fur à mesure, car c’est pour le moment difficile d’être sur tous les fronts, car la priorité est à l’ouverture de la boutique physique, mais très vite, nous pourrons augmenter notre offre sur le online.
Avez-vous d’autres idées que vous aimeriez concrétiser une fois votre magasin opérationnel ?
Pioche & Rejoue : Des idées, on en a plein, ce qui va nous manquer pour le moment, ce sont les sous, les bras et le temps ! Mais on aimerait proposer un coin “pièces détachées” en faisant peut-être le lien avec des éditeurs/SAV et “recharge de consommable” type pâte à modeler, peinture aquarellum, sable magique, afin que les jeux et jouets qui en nécessitent puissent être réemployés.
On souhaite également travailler avec les écoles, les centres de loisirs, MJC, personnel de la petite enfance, afin de proposer soit de la vente, soit des box de locations pour qu’ils puissent expérimenter tout ce que le jeu a d’éducatif !
On projette également de faire des animations au sein de la boutique (atelier enfant) mais également promouvoir le jeu en faisant des interventions dans les écoles, etc.
Plus qu’une boutique, on souhaite vraiment être des acteurs marquants de l’univers ludique et de la seconde main.
Avez-vous une anecdote ou un souvenir marquant à nous raconter en lien avec cette belle aventure ?
Pioche & Rejoue : Hugo a racheté le stock d’un bar un jeu à Cholet qui, malheureusement, a dû arrêter son activité. Il est parti serein, avec notre Opel Crossland X, et quelques cartons. Arrivé là-bas, les personnes sur place étaient assez décontenancées, et lui dirent que c’est impossible de tout rentrer dans la voiture. Peut-être qu’Hugo avait effectivement un peu sous-estimé la quantité de produits à ramener. Il a exploité le moindre recoin de la voiture et a réussi à faire 2h30 de route avec les 421 produits (qui avaient tendance à lui tomber dessus, un peu). Il a quand même dû abandonner ses cartons sur place… On pense désormais à investir dans une petite camionnette à l’avenir pour éviter ce genre de désagrément.
Ah ! Et on a fait disjoncter la zone “safari” d’arcade du centre commercial où l’on s’est installés pendant une semaine, en essayant de remettre l'électricité dans notre cellule. Oups…