Maudits Cadeaux est un jeu de cartes made in France à l’univers détonant et coloré imaginé par deux amis qui ne manquent pas d'idées, ni d'humour. Tout juste arrivé chez Philibert, le jeu nous a tapé dans l'œil. Nous vous proposons de découvrir les coulisses de sa création à travers l'interview de Florine Crepin, co-auteure de Maudits Cadeaux.
Philibert : Salut Florine, peux-tu te présenter ?
Florine : Je m’appelle Florine, j’ai 29 ans et je vis à Lyon. Je suis graphiste de formation et j’ai cocréé un jeu de cartes avec mon ami Olivier, il y a maintenant plus d’un an.
Philibert : Éditer des jeux est-elle ton activité principale ?
Florine : Éditer Maudits Cadeaux est mon activité complémentaire, en plus de mon activité de graphiste freelance, mais elle occupe une grande partie de mon temps.
Philibert : Peux-tu nous expliquer le concept du jeu en quelques mots ?
Florine : Maudits Cadeaux, c’est un jeu de cartes délirant et personnalisable dont le but est d’empoisonner la vie de ses adversaires (mais surtout de se marrer) !
Philibert : Combien êtes-vous dans cette aventure ?
Florine : Nous sommes deux, mon ami Olivier et moi-même. On reçoit un peu d’aide de notre entourage et de nos amis, que vous pouvez d’ailleurs apercevoir de temps à autre sur nos réseaux sociaux et nos pubs.
Philibert : Maudits Cadeaux est-il ton premier ludique ?
Florine : Oui, c'est mon premier projet dans le monde du jeu. On a toujours aimé les jeux de société qui ont toujours fait partie de nos vies à titre personnel.
Philibert : Quand et comment est née cette aventure ? Quelles étaient vos motivations ?
Florine : Cette aventure est née un peu par hasard. En plein après-midi jeu, Olivier m’a proposé de créer un jeu pour le fun, et on a fini par se prendre au jeu (sans mauvais jeu de mot). Notre motivation était avant tout de nous amuser et aussi de créer le jeu de nos rêves en réunissant tout ce qu’on aime dans les jeux en général. Ma motivation personnelle en tant que créative était surtout de m’éclater dans la création d’un univers monstrueux et délirant, en tant que fan d’univers halloweenesque.
Philibert : Peux-tu nous parler de sa fabrication écologique ? Y avait-il la volonté de créer le jeu le plus écolo du marché ?
Florine : Le côté éco-responsable est une valeur importante pour nous au quotidien, donc ça nous semblait important de l’intégrer à notre jeu. Des études ont montré que le monde du jeu de société est très polluant, alors je pense que des efforts dans ce secteur sont les bienvenus. Nous n’avions pas l’ambition d’être le jeu « le plus écolo » du marché, mais de réduire au maximum les emballages non nécessaires et le plastique. Notre jeu est fabriqué à Lyon. Même si fabriquer en France est dix fois plus cher que de produire en Asie, nous avons fait ce choix engagé pour réduire notre impact environnemental et rester fidèles à nos valeurs. De plus, notre jeu est expédié dans des emballages de tailles adaptées au produit, avec du calage en papier, quasi sans plastique. Nos jeux de cartes et boîtes ne sont pas emballés sous blister, et tous nos packagings sont en papier, de même que nos cartes, sans aucune plastification. Notre imprimerie est certifiée PEFC et FSC, elle est également engagée dans une démarche éco-responsable.
Philibert : Comment est née l’idée de vendre le jeu sans packaging ? Cette mesure a-t-elle été facile à mettre en œuvre ?
Florine : La démarche de vendre sans packaging nous a semblé être la suite logique de notre démarche éco-responsable et notre envie de proposer une personnalisation totale. En effet, pourquoi imposer à quelqu’un de payer une boîte s’il ne la veut pas ? Chez nous, on peut donc payer moins cher et ne pas avoir de boîte, on a tous des tas de boîtes chez nous qui peuvent servir à ranger un jeu de cartes. De notre côté, ce n’est pas difficile à mettre en œuvre, mais c’est un peu plus de logistique à gérer.
Philibert : Peux-tu nous parler de l’humour omniprésent dans le jeu ?
Florine : L’humour, c’est le cœur du jeu, c’est tout simplement mon humour au quotidien, un humour à la fois potache, absurde et décalé. On est comme ça dans la vie, il n’y a pas eu de désaccord particulier entre nous : si on se marre, c’est validé. On s’autorise tout tant que ça n’offense personne (pas de sujet clivant), tant que c’est drôle et bon enfant, que c’est impertinent sans être choquant ou trop vulgaire. Je pense que mon jeu de mot préféré est « Dans ton Cupidon » et celui d’Olivier est le « Magichien d’os ».
Philibert : Peux-tu nous parler des illustrations ? Quelles étaient les indications données aux illustrateurs ?
Florine : Pour les illustrations, je rédige un brief assez précis à l’illustratrice. Mon métier de graphiste me permet d’avoir une idée très claire de ce que je veux et de ce à quoi ça va ressembler dès que j’ai le jeu de mot en tête. J’imagine la scène et je l’explique à l’illustratrice, je lui fais même parfois des moodboards et des croquis, et elle me propose un premier jet du personnage. Ensuite, on l’affine ensemble, je lui demande son avis, parfois elle s’amuse à proposer des choses en plus, et quand le croquis est validé, elle le colorise et le finalise.
Philibert : Le jeu est personnalisable à l’infini. Quelles sont les personnalisations possibles pour les joueurs ? As-tu des conseils pour constituer le jeu de ses rêves ?
Florine : Il est possible de personnaliser son jeu en le créant de A à Z. On propose un jeu de base de 63 cartes jouable immédiatement, auquel on peut rajouter des cartes à l’unité dans la quantité voulue si on souhaite le personnaliser. Cela facilite le démarrage des joueurs, mais pour les plus aventuriers, on peut même créer son jeu en partant de zéro et en choisissant toutes les cartes sans utiliser le jeu de base. Les cartes à l’unité, exclusivité de notre jeu, permettent aux joueurs d’acheter de 1 à X exemplaires de la même carte pour constituer leur expérience de jeu. Par exemple, si vous voulez un jeu plus agressif, vous mettez moins de “Défenses” et plus de “Fourberies”… Pour les plus indécis, on propose des packs préfabriqués pour 4, 6 ou 8 joueurs et prêts-à-jouer, auxquels on peut également rajouter des cartes à l’unité.
On peut ensuite choisir le contenant de son jeu : sans emballage, avec pochon en tissu, boîte classique ou boîte de rangement XXL. On peut aussi choisir ses goodies : tapis 4 joueurs, tapis 6 joueurs, jauge individuelle, protections pour cartes….
Le principe, c’est qu’on ne vous impose rien. Vous pouvez créer le jeu de vos rêves en tenant compte de votre budget, de vos envies et du nombre de personnes avec qui vous jouez. Chaque jeu est unique, personne n’a le même et on peut l’adapter à l’infini à et ses préférences de jeu.
Mon conseil pour créer le jeu de ses rêves est de commencer par un jeu de base et quelques cartes pour découvrir le jeu et apprendre à y jouer tranquillement. Quand vous connaissez bien le jeu, le choix des cartes vous paraîtra clair immédiatement, et vous pourrez le personnaliser à vos goûts plus facilement !
Philibert : Pourquoi avoir choisi l'auto-édition et comment avez-vous financé le lancement du jeu ?
Florine : Nous avons opté pour l'auto-financement de notre jeu en investissant nos propres économies dans le projet. Cette décision nous a semblé la plus évidente et surtout, la plus rapide pour concrétiser notre jeu sans dépendre de tiers. Depuis le début, le jeu s'auto-finance et se développe progressivement grâce aux commandes des joueurs. Cette autonomie financière nous a permis d'acheter des volumes plus importants, réduisant ainsi petit à petit nos prix d’achat et offrant des tarifs plus attractifs aux joueurs.
Philibert : Après quelques mois, on peut dire que le jeu a trouvé son public. Comment avez-vous réussi à vous faire une place dans le paysage ludique foisonnant ?
Florine : Oui, déjà plus de 15 000 joueurs, on est assez fiers, j'avoue ! On s’est lancés via les réseaux sociaux (Facebook, Instagram), où on est très présents et avons fait de la publicité, car nous sommes principalement vendus en ligne sur notre site, vu la complexité de notre système de vente à l’unité. On a communiqué sur le jeu avec humour, et je pense que c’est ce qui a plu aux gens, ainsi que la nouveauté de pouvoir créer son propre jeu. Ensuite, le bouche-à-oreille s’est fait grâce à notre communauté de joueurs qui ont adopté le jeu et le partagent avec leur entourage. Nous sommes également petit à petit en train d’être distribués en boutique physique, qui sont très intéressées par notre jeu.
Philibert : As-tu un souvenir marquant à nous raconter sur cette aventure ?
Florine : Un moment marquant pendant cette aventure a été ma toute première interview avec Le Progrès. C'était complètement nouveau pour moi, et ça fait vraiment plaisir de pouvoir parler de notre création, surtout quand on pense que personne ne nous connaissait il y a un an, ça montre le chemin qu'on a parcouru depuis le début de cette aventure !
Philibert : Quel est le futur du jeu ? Des extensions ou des nouvelles cartes sont-elles prévues ?
Florine : De nouvelles cartes sortent assez régulièrement au cours de l’année afin d’entretenir la nouveauté. C’est tout le principe de notre jeu : il n’y a pas d’extensions. C’est important de le comprendre : ce que l’on propose, ce sont des cartes à l’unité. Donc, quand on sort des cartes, vous pouvez choisir de les acheter ou non, et ne choisir que celles qui vous plaisent, contrairement à une extension où toutes les cartes vous sont imposées. Le jeu est encore très jeune, nous allons continuer de le faire découvrir et de le faire grandir.
Philibert : En dehors de Maudits Cadeaux, avez-vous d’autres projets ludiques à plus ou moins long terme ?
Florine : On a quelques idées en tête pour l’avenir, mais on ne peut pas vous en dire plus, sinon on devra vous zigouiller ensuite !