Pour la sortie de 13 Mots, François Romain de Captain Games a accosté à Strasbourg. Devant notre caméra, le sympathique moussaillon, vêtu de son plus bel uniforme, a joué le jeu des questions-réponses. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur cette jeune (mais expérimentée) maison d’édition venue tout droit du plat pays et sur 13 mots, un party game coopératif pour toute la famille. Prenez votre plus belle marinière et montez à bord, on embarque dans l’univers d’un éditeur qui n’a fini de faire parler de lui.
Retranscription de l'interview
Peux-tu te présenter et nous dire ce que tu fais dans le milieu ludique ?
Bonjour, moi, c'est François Romain. Je suis éditeur et je travaille pour Captain Games, une nouvelle maison d'édition, mais pas si nouvelle que ça, puisqu’elle a quelques points d'expérience derrière elle.
Peux-tu nous présenter Captain Games ?
En gros, Captain Games c'est quoi ? C'est Cédrick Caumont, l’un des deux cofondateurs de Repos Production. Quand Repos Prod a été repris par Asmodée, Cédrick s’est dit qu’il allait prendre tranquillement sa retraite pour peindre des figurines avec ses poteaux. Mais il voulait quand même rester aux aguets, des fois qu’un bon petit proto viendrait à se présenter. Au final, sa retraite n’aura duré que deux semaines avant qu’il ne se lance dans le projet d'éditer de nouveau des jeux. Bon, j'exagère un peu sur le délai de deux semaines, mais c'est un peu ça l'idée. Et puis, comme c'est un homme qui a dix mille projets, au bout d'un moment, il a constaté qu’il fallait être à plusieurs pour y arriver. Et comme j'étais sur le marché de l'emploi à ce moment-là, il m'a proposé de le rejoindre. Sachant qu'on est amis, c'était une très belle proposition pour moi.
De mon côté, j'ai travaillé quelques années chez Asmodée en Belgique, quelque temps aussi chez Repos Production et je suis l'auteur de So Clover.
Quelle est la ligne éditoriale de Captain Games ?
C'est absolument génial, parce que la ligne éditoriale de Captain Games, c'est qu'il n'y en a pas. Nous éditons les jeux qui nous plaisent. Un peu dans la même philosophie que Repos Production, on va faire des party games, mais on va aussi pouvoir faire des jeux plus complexes. Je prendrai l'exemple de 7 Wonders ou de Ghost Stories qui ont été faits chez Repos Production. Il n’y a jamais rien eu de limitant au niveau de la maison d'édition. Là, avec Cédrick, ça reste la même âme et donc c'est le même principe. Au début ce seront plutôt des party games, mais il n’y aura pas que ça à mon avis, parce qu’on reste des joueurs quand même, l’air de rien.
Peux-tu nous présenter 13 Mots, votre premier jeu édité ?
13 mots est un party game qui a été créé par monsieur Romain Loussert, un auteur de jeu français qui vit en Belgique. Un homme somme toute très sympathique. Il nous a proposé ce jeu qui est un party game coopératif prévu pour être joué dès 8 ans. C'est un jeu ultra accessible. L'idée était de rendre le jeu le plus facile à prendre en mains possible. Il s'adresse autant à la famille qu’à des adultes qui auraient une soirée un peu arrosée par exemple. Il se joue de manière ultra fluide.
Qu’est-ce ça donne côté règles du jeu ?
Au début de la partie, un joueur est désigné comme étant le Capitaine et reçoit ce fabuleux pion. Au premier tour, le Capitaine lit le mot central, ainsi que tous les mots qui sont autour du plateau de jeu. Le but est d’éviter que les gens qui ont des problèmes de compréhension à la lecture ne fassent des confusions entre un mot et un autre. Une fois que c'est fait, le Capitaine prend la petite roue et sélectionne le mot qui se trouve autour du plateau de jeu qui a le lien le plus fort avec le mot central. Par exemple ici, avec le mot “machine”, en tant que Capitaine, je pourrais dire “tronçonneuse”, “muscle” parce que quand on travaille à la salle c’est aussi une sorte de machine, mais également “locomotive”. Et j’indique ma réponse avec la petite flèche. Les autres joueurs doivent alors essayer de trouver ma réponse. Il ne faut pas oublier que c'est un jeu coopératif. Les autres vont essayer de se mettre dans ma tête, parce que le Capitaine a toujours raison quoi qu'il arrive. C'est normal, c'est le Capitaine. Ils vont se dire : François est un gars qui ne va pas la salle de sport, donc il n’a pas mis le mot “muscle”. Par contre, il aime travailler dans son jardin, il a pu choisir le mot “tronçonneuse”. Puis, ils indiquent leur choix sur leur propre petite roue et le Capitaine révèle la réponse. Tous ceux qui ont répondu correctement font gagner une étoile à l'équipe. Et moi, si au moins un joueur a trouvé la même réponse que moi, je gagne également une étoile. Ensuite, je passe le jeton Capitaine à mon voisin de gauche. Je prends le mot que j'ai sélectionné, “tronçonneuse” dans mon exemple, je le retourne et le place au centre du plateau. Un nouveau mot est ainsi dévoilé, ici, c’est “montgolfière”. On ne remet pas de carte autour du plateau. On continue à jouer comme ça et plus on avance, moins il y aura de mots. Est-ce que ça devient plus difficile au fil de la partie ? Oui et non. Moins on a de choix, plus c'est facile de trouver la bonne réponse, mais moins on a de choix, plus c'est facile de trouver des choses qui se coordonnent.
Une fois qu'on a joué toutes les cartes, on totalise les étoiles de tous les joueurs. Dans notre exemple, on va dire qu’on était 4 joueurs et qu’on a réussi à obtenir un score de 30 étoiles. On prend le pion Premier Joueur, on le retourne et on regarde notre niveau de réussite. Avec 30 points, on a dépassé la victoire, le statut “excellent” et le statut “ninja”, mais on n'a pas encore atteint le statut “télépathe”.
Il y a 224 cartes, ça fait donc 448 mots, vu que c'est recto verso. Comme vous avez pu le constater, ce sont des mots qui sont tous politiquement corrects. C'est pour ça qu'on peut jouer avec des enfants dès 8 ans, avec les grands-parents, etc. Par contre, on a saupoudré quelques mots qui permettraient à un public qui aurait l'esprit “ouvert” de déraper s'il le veut. Par exemple, si je prends le mot “manga”, on pourrait répondre “thé” par rapport à l’esprit asiatique. Mais d'autres personnes pourraient peut-être pu y associer aussi le mot “tentacule”, mais ça, c'est libre à chacun, les gens font ce qu'ils veulent.
La boîte que vous voyez là est encore un prototype, c'est-à-dire que les cartes, par exemple, ne seront pas de cette couleur-là, certains mots auront peut-être été changés et sur la boîte il n’y aura pas ce macaron jaune dessus. Dites-vous bien que ce qu’il y aura dans la boîte sera évidemment quelque chose de plus qualitatif.
Quels sont les prochains projets de Captain Games ?
Au niveau de nos prochains projets, le jeu numéro 2 si tout va bien, sera de Cédrick et moi. Nous serons les auteurs en plus d'être éditeurs. Ça va faire pas mal de casquettes à porter. Ce sera un party game un peu plus cérébral. Mais on ne peut pas trop en parler. Par contre, on a d'autres choses en projet, entre autres avec Romain (Loussert), parce qu'il avait quelques beaux sujets dans sa besace. Après 13 Mots, on a trois jeux devant nous pour l’instant. Mais comme on est une équipe de trois, quatre si on compte Pirat, le chien, on fait feu de tout bois et on court un peu dans tous les sens. C’est super, c’est vraiment un esprit familial et quand tu ne fais pas un truc, tu sais que quelqu'un d'autre doit le faire, alors on se soutient tous. C'est vraiment très chouette comme ambiance.
Pour finir, peux-tu nous expliquer d’où vient le choix de votre nom ?
Quand il a choisi le nom, Cédrick a regardé ce qui était disponible sur le net et voulait absolument trouver un nom de domaine en “.games” à la fin de l'url. Il a vu que Captain était libre et que ça marchait, donc il a pris “captain.games”. Et puis, il aimait bien la philosophie du bateau. Ça permet de porter un chapeau et l'air de rien quand tu es en festival, le chapeau, tu l'apprécies, même s'il fait chaud dessous. Et il y a aussi le costume. D’ailleurs à ce sujet, j’ai une petite anecdote. On est allé se balader à Cannes. On voulait sortir en off dans le festival et Cédrick a insisté pour qu’on reste tous en costume. Et c’était génial parce que les gens s’écartaient, nous saluaient et ont commencé à chanter The Love Boat. C'était juste magique ! L'accueil des gens était juste terrible. En plus, on est arrivés en même temps que des militaires puisque c'était le plan Vigipirate. Les agents de sécurité qui nous ont demandé si on était escortés. C’était juste splendide ! Tout le monde a bien compris que c'était juste pour la blague, parce que c'est pas une vraie cravate, mais il y avait un côté très bienveillant. Ça nous permet d'avoir un imaginaire propre à la boîte et en plus c'est bien accueilli par le public. Et c'est très drôle ! Le ridicule ne tue pas. Je le sais depuis des années parce que sinon je serais mort depuis longtemps.
Pour suivre l'actualité de l'éditeur, rendez-vous sur le site de Captain Games.