Arrêtons de suivre le flux incessant des nouveautés le temps d'un instant et regardons ensemble dans le rétroviseur. Dans cette série d'articles, nous allons vous faire (re)découvrir le charme des vieux jeux récompensés au Spiel des Jahres entre 1979 et 2000.
Allez, on souffle sur ce couvercle recouvert de poussière, et on ouvre Barbarossa.
Remarques préliminaires
Klaus Teuber a marqué le monde du jeu avec l’incroyable Barbarossa, sacré Spiel des Jahres en 1988. Et il ne s’est pas arrêté là ! En 1990, il remet ça avec Adel verpflichtet, puis récidive en 1991 avec Drunter et Drüber. Tout ça, avant de conquérir la planète avec le légendaire Colons de Catane, couronné Spiel des Jahres en 1995 !
Je n’ai pas fini de vous parler de Klaus Teuber 😊
En ouvrant la boîte Barbarossa, on découvre un grand plateau circulaire avec un graphisme très enfantin. En dessous, des pions de couleur, quelques flèches en plastique et des vieux rouleaux de pâte à modeler. Fichtre ! Cette pâte à modeler a bientôt 40 ans, elle est dure comme du bois. Il faut la chauffer et la malaxer longuement entre ses mains pour pouvoir la façonner. Ça nous change de certaines pâtes modernes qui glissent entre les doigts.^^
Barbarossa, c'est quoi ?
Allez, regardons les règles du jeu :
Dans Barbarossa, chaque joueur sculpte deux/trois objets en pâte à modeler, puis les autres doivent deviner ce qu'ils représentent. Les joueurs gagnent des points en trouvant les objets des autres ou si leurs propres sculptures sont devinées, mais pas trop rapidement. Le but est de créer des sculptures ni trop faciles, ni trop difficiles à deviner.
Ce jeu me fait immédiatement penser à Dixit qui sortira en 2008.
Dans Dixit, un joueur décrit une de ses cartes illustrées avec une phrase ou un mot, et les autres choisissent une carte de leur main qui pourrait correspondre. Toutes les cartes sont mélangées, révélées, et les joueurs votent pour celle du conteur. Le but est d’être ni trop évident ni trop vague pour marquer des points.
Il y a quelques inspirations, vous ne trouvez pas ?
Le récit de notre partie
Allez zou, on se lance dans la partie !
Avec enthousiasme, je commence à réchauffer mon rouleau de pâte à modeler, prêt à libérer mon génie créatif. Le vrai casse-tête pointe déjà le bout de son nez : quoi sculpter ?
Avec un sourire malicieux, Manu dépose fièrement au centre du plateau sa première œuvre : un étrange cylindre. Etienne, lui, y va d’une forme ronde plutôt audacieuse. De mon côté, je viens d’achever une superbe fourmi (si, si, une vraie œuvre d’art ! Ahah). Irina, quant à elle, nous déroute avec une création intrigante… une sorte d’éventail.
Nous avons chacun réalisé deux créations qui trônent au centre du plateau.
La partie démarre pour de bon. Chacun son tour, on lance le dé (ou on utilise des gemmes) pour avancer sur le plateau. Simple comme le jeu de l’oie.
Etienne tombe sur la case « Gemme », ajoutant une pierre précieuse à son trésor. Avec ça, il pourra s’offrir des déplacements sans lancer de dé. Classe !
Irina, elle, débarque sur la case « Elfe », une opportunité pour espionner nos créations. Son regard se pose sur le cylindre mystérieux de Manu. Stylo et papier en main, il lui donne secrètement la première lettre de sa sculpture.
À son tour, Manu sort le grand jeu : il claque ses gemmes pour atteindre la case « Point d’interrogation ». Là, il peut bombarder de questions tant qu’il récolte des « oui ».
« Est-ce un animal ? » me demande-t-il, pointant ma magnifique sculpture de fourmi.
« Oui… » lâchais-je, désespéré par l’évidence dans ses yeux brillants.
Il enchaîne avec Etienne :
« Est-ce qu’on le trouve dans le jardin ? » demande-t-il, pointant du doigt la forme ronde
« Non », répond Etienne, un sourire narquois sur les lèvres.
Un « non », fin de série pour Manu. Mais le bougre a un coup d’avance. Il me tend une proposition sur un papier : « UNE FOURMI ». Rhaaaa ! Bien joué, Sherlock ! Il marque ses 5 points, tandis que moi, je contemple la règle du jeu… et ma dignité en lambeaux.
TOTAL de flèches sur le plateau
De 1 à 2 : Le sculpteur PERD 2 points
De 3 à 4 : Le sculpteur PERD 1 point
De 5 à 6 : Le sculpteur GAGNE 1 point
De 7 à 9 : Le sculpteur GAGNE 2 points
10 : Le sculpteur GAGNE 1 point
De 11 à 12 : Le sculpteur PERD 1 point
De 13 : Le sculpteur PERD 2 points
Manu plante une flèche dans ma pauvre fourmi, signalant qu’elle a été percée à jour. Résultat : je perds 2 points. Sniff…
Enfin, c’est à moi de jouer ! Je lance le dé et, ô désespoir, atterris sur la case « Fantômes ». Effet immédiat : tous les autres joueurs avancent de deux cases sur la piste de score. Et moi ? Bah, je fais du surplace. Nom d’une pipe !
Une soirée mémorable ! On a tellement ri à la fin, surtout en découvrant que le fameux cylindre de Manu était… une canette de Coca ! Et la forme ronde d'Etienne ? Un Bredele (les Alsaciens comprendront, évidemment 😄). Mais le clou du spectacle, c’est quand on a appris que l’éventail d’Irina était en fait… une antenne parabolique ! On a failli s’étouffer de rire !
