Présages est un jeu d’affrontement en équipes dans lequel les joueurs doivent se défausser de leurs cartes en premier. Mais connaissez-vous l’histoire qui se cache derrière ce jeu baignant dans l’univers occulte du tarot divinatoire ? Non ? Alors voici les coulisses du jeu à travers 7 anecdotes à connaître absolument.
1. Du bar à jeu à la création
Dans le monde ludique, chaque auteur a sa propre trajectoire, plus ou moins rectiligne. Auteur d’une douzaine de jeux (à ce jour), Maxime Rambourg a connu une autre vie, celle de gérant d’un bar à jeu, avant de se consacrer pleinement au game design. L’auteur revient sur son parcours :
“J'ai rencontré Gabriel Durnerin à la fac qui m'a fait découvrir le jeu de société moderne, puis nous avons décidé d'ouvrir un café jeux "La Feinte de l'Ours" à Nancy. J'ai été le gérant de ce lieu pendant une dizaine d'années et j'ai façonné intensément ma culture ludique à cette époque.”
Passionné par la création depuis le plus jeune âge, Maxime, signa son premier jeu chez IELLO, Big Book of Madness, commercialisé en 2015 - mais signé chez l’éditeur en 2010.
2. Les origines de Présages pour le moins obscures
Maxime Rambourg a un processus créatif bien à lui, qui ne lui permet pas toujours de remonter aux origines claires de ses jeux. Alors Maxime, comment est née l’idée de Présages ?
“C'est impossible pour moi de savoir d'où vient une idée. C'est le cumul de tellement de choses que je ne conscientise pas du tout. Je sais qu'à un moment du développement, j'ai voulu en faire un jeu de défausse avec des effets et ensuite, j'ai malaxé cette idée autour d'un thème classique de Roi, de Reine et de Magicien.”
De même, l’auteur n’a aucune idée du moment où il a commencé a travaillé sur Présages, comme il nous le précise :
“Aucune idée ! J'ai une façon de travailler tellement chaotique que je ne peux pas dire ce qui en est le début. Mes protos changent beaucoup d'une version à l'autre, ils se séparent en plusieurs jeux, se mélangent, fusionnent parfois. Un bout de celui-ci avec un bout de celui-là. La légende retiendra que j'ai fait ce prototype quelques jours avant le festival d'Essen parce que je n'avais rien à montrer, mais c'est sans doute une idée qui traînait dans ma tête depuis très longtemps.”
Une fois signé chez Spiral, le jeu a demandé une “bonne année” de développement pour parvenir à “trouver les bons pouvoirs pour chaque carte et qu'elles puissent toutes interagir les unes avec les autres de manière fluide”, comme nous le raconte l’auteur.

3. “Le jeu tout pété”
Durant sa phase de développement, Présages a nécessité de nombreux ajustements pour arriver à sa version finale. Un travail de longue haleine dont le cercle d’amis de l’auteur raillait les petits défauts des premières versions du jeu. Maxime nous raconte :
“Le jeu s'est longtemps appelé "Court", pour la cour du Roi. Dans ces premières versions, forcément certains effets ne fonctionnaient pas très bien et dans mon groupe d'amis fidèles testeurs, c'était : "le jeu du magicien tout pété" !”
4. On se voit à Essen ?
L’éditeur de Présages, Spiral Éditions, a découvert le prototype à Essen, au détour d’un rendez-vous avec Maxime au sujet d’un autre jeu. Mathias Guillaud de Spiral nous en dit plus à ce sujet :
“Ça s'est fait à Essen. On avait prévu de passer du temps avec Max, qui devait nous remontrer la nouvelle version d'un jeu qu'on suivait depuis l'été. Et puis Max a sorti "Court" en disant : "J'ai aussi bricolé ce truc-là dans le train." On a joué et, même si le jeu était très éloigné de ce à quoi il ressemble aujourd'hui, on a tout de suite senti qu'il y avait un truc !”
5. Un nom trouvé sur le tard
En plus du nom de son proto, Court, plusieurs noms ont été envisagés pour le jeu de Maxime Rambourg au cours de son développement. Mathias revient sur ce processus de réflexion long et difficile :
“Le jeu a eu plein de noms. Comme on a eu assez rapidement cette idée graphique autour du tarot divinatoire, on a beaucoup cherché des noms en rapport avec ça. À un moment, le nom "Fortune" a tenu la corde (dans le sens Fortune-teller ou Wheel of Fortune), mais ça nous ramenait un peu trop vers la signification de l'argent. Il y a également eu des pistes autour de "Echo" pour rappeler ce côté mécanique qu'a le jeu, de voir les mêmes cartes jouées plusieurs fois, parce qu'elles sont reprises en main parfois. Pendant un court moment, on a considéré l'appeler "L'Absolu" (comme la carte du jeu avec la plus forte valeur). Mais ça faisait quand même beaucoup trop nom de café ou de parfum. Je ne sais plus qui a trouvé le nom au final, mais Présages était dans les toutes premières pistes et il a ressurgi plus tard.”

6. Un jeu jouable qu’à partir de quatre
Présages a la particularité d’être jouable de quatre à six joueurs. Un parti pris assumé par l’éditeur toulousain qui a quand même tenté d’abaisser le nombre de joueurs :
“On a longtemps essayé de rendre le jeu jouable à trois joueurs (à 2 contre 1, puisqu'on voulait vraiment garder ce côté jeu en équipes). On a trouvé des choses intéressantes, mais comme cela transformait beaucoup l'expérience de jeu par rapport à version de 4-6 joueurs, on a préféré assumer à fond et ne mettre sur la boîte que la configuration en nombre de joueurs pour laquelle on était entièrement satisfait !” précise Mathias.
7. Un illustrateur (presque) nouveau dans le monde ludique
Avec Présages, le graphiste Ben Renaut illustre son premier jeu de société édité. Enfin, son premier, si on met de côté son travail sur les jeux d'enquête de faits divers Sous Scellés, une gamme qu’il a lui-même créée en 2020. Mathias de Spiral nous en dit plus sur ce choix :
“Ben Renaut est un ami, qui a déjà travaillé pour Spiral, mais plutôt en tant que graphiste (qui est son métier principal). C'est notamment lui qui a créé le logo-titre de Boreal, notre jeu précédent. On aime beaucoup son style, très graphique justement, et à un moment, il a posté deux images sur son Instagram qui nous ont beaucoup plu. C'est à ce moment-là qu'on a eu envie de lui proposer de travailler sur Présages. Et on a bien fait, parce que Ben travaille déjà sur un prochain jeu !”
