Chez Philibert, nous sommes fiers de compter des partenaires animés par une flamme intarissable pour la chose ludique. À travers leurs différents contenus, chacun de ces passionnés contribuent à rendre notre écosystème toujours plus vivant et attrayant. Pour leur rendre hommage, nous vous proposons de découvrir les personnes qui se cachent derrière ces plateformes à travers notre série d’interviews “5 Questions à…” Ce mois-ci, nous avons eu le bonheur d’échanger avec Siegfried du site VonGuru.
Philibert : Peux-tu te présenter et nous dire ce que tu fais dans le milieu ludique et dans la vie ?
Siegfried : Bonjour Philibert, et merci pour cette invitation. Je suis Siegfried Würtz, chroniqueur spécialisé dans les jeux de société pour le blog VonGuru, mais aussi pigiste et relecteur pour le Philimag, responsable éditorial des Lucky Duck Games et chercheur sur la bande dessinée. Je suis notamment auteur et conférencier sur les questionnements politiques du comic super-héroïque. Inutile de dire combien je suis reconnaissant envers les opportunités et les rencontres m'ayant permis de mettre mes compétences au service de telles passions !
Philibert : Peux-tu nous raconter l’histoire de VonGuru ?
Siegfried : VonGuru est à l'origine un site geek plutôt orienté hardware, auquel le blog Cleek (où je contribuais sur le cinéma) s'est greffé il y a quelques années. J'appartiens donc à une petite équipe qui a beaucoup bougé où, à l'exception d'une poignée d'articles, je suis la seule personne rédigeant sur les jeux de société. Je suis d’ailleurs l’auteur de plus de 300 chroniques depuis avril 2017. Du fait de mon background littéraire, je crois en les vertus de l'écrit pour transmettre des émotions et des analyses, et à l'époque où j'ai commencé à écrire, j'avais le sentiment que nous n'étions pas nombreux à partager cette prédilection dans le domaine de la critique socioludique, d'où mon envie de me spécialiser petit à petit dans ce domaine (sans renoncer au cinéma, ma passion première) sous la forme de textes interminables (désolé) où la présentation des règles et l'analyse sont intimement liées pour développer précisément le fonctionnement, les forces, les originalités et les éventuelles limites d'une œuvre socioludique.
Philibert : Tu as différentes casquettes dans le monde du jeu de société. Est-ce que cela a un impact sur ton activité de chroniqueur ?
Siegfried : J'ai commencé par faire des relectures comme freelance pour Lucky Duck Games, et il va de soi que c'était sur des jeux dont je n'aurais pas parlé sur mon blog. Le jour où j'ai été recruté comme responsable éditorial, j'ai assez logiquement décidé que je n'aborderai plus aucun jeu Lucky Duck, ni pour leur consacrer des articles, ni pour les mentionner dans mes tops. Comme mes articles sont toujours détaillés, et tentent vraiment de décortiquer un jeu plutôt que de balancer une opinion subjective qui n'intéresse personne, je suis sûr que mon lectorat saurait faire confiance à mes articles tant que le conflit d'intérêts est mentionné, mais cela évite tout soupçon, tout en m'épargnant une posture difficile. Ce choix me semblait logique. Mais cela ne m'empêche pas de rappeler mes autres casquettes à chaque fois que cela me paraît pertinent dans un développement : les activités que l'on effectue à côté du blog peuvent avoir un impact essentiel sur ce qu'on écrit, et il me paraît important que le lectorat sache toujours quelle est ma posture au moment où je livre une analyse ou un avis, a fortiori sur mes casquettes liées au monde du jeu de société.
Philibert : Tu écris moins d'articles depuis quelques mois. Penses-tu que la régularité et l'exhaustivité sont importantes dans la chronique de jeux ?
Siegfried : Il va de soi que la régularité et l'exhaustivité sont préférables d'un point de vue médiatique. Le nom d'une chaîne faisant une vidéo tous les trois mois risquera plus aisément d'être oubliée aussitôt l'onglet fermé. Cependant, chaque chroniqueu.se.r trouve son rythme et sa ligne éditoriale, qui vont dépendre de ses autres activités et évidemment beaucoup fluctuer avec le temps, redevenir plus ou moins prioritaires. C'est à la fois une question d'équilibre personnel... et de qualité. Se forcer à tout traiter tout de suite peut empêcher de consacrer à chaque jeu le temps qu'il mérite pour livrer au spectatorat/lectorat l'analyse qu'il mérite. Je n'ai aucun regret sur ma régularité des débuts, mais j'ai volontairement commencé à être moins exhaustif pour trouver le temps de me pencher convenablement sur les titres (Il faut dire que la longueur de mes articles donne un bon indicateur du temps que je peux passer sur la seule rédaction), tout en maintenant un équilibre entre ce qui reste un hobby et ce qui compte davantage (les activités sociales - rien de pire que de renoncer à une soirée jeux pour écrire sur un jeu ! -, le travail, les livres sur la bande dessinée, et puis simplement la vie personnelle). De sorte que le blog peut parfois paraître mort en ce qui concerne le jeu de société, et soudain ressusciter de façon imprévue à l'occasion d'une sortie dont j'avais vraiment très très envie de parler. J'aime me laisser porter à nouveau par le désir plutôt que par le besoin, même si je dis cela sans aucun jugement pour celles et ceux qui placent leurs priorités différemment.
Philibert : Quel est ton premier souvenir ludique ?
Siegfried : J'étais déjà très joueur enfant. Même si je me suis aperçu assez tardivement que si tout le monde connaissait le Monopoly, le Cluedo, le UNO et le Mille bornes, j'avais été quelque part privilégié de grandir dans une fratrie de quatre, et d'avoir très jeune découvert le Moulin, les Dames, les Échecs, divers jeux de cartes, le Pente, Stratego, Risk, les livres dont vous êtes le héros... J'ai même découvert assez récemment que deux titres que nous pratiquions sans réfléchir quand nous étions petits avaient été conçus par des auteurs dont on parle encore régulièrement, Wolfgang Kramer (Europareise) et Reiner Knizia (Palmyra) ! Cependant, malgré une adolescence passée sur Pokémon, puis Yu-Gi-Oh! puis surtout et longuement Magic, je dirais que je suis vraiment retombé dans le jeu de société en 2015, quand je vivais dans un internat de professeur.e.s et qu'une amie nous a fait découvrir le Saboteur, 6 qui prend, Agricola, City of Horror... La manière dont ces œuvres très diverses parvenaient à susciter un vrai plaisir d'être ensemble m'a fait quelque chose, qui s'est du coup vite retrouvé dans mes textes.
Philibert : Et enfin, peux-tu nous donner ton TOP 5 (subjectif) des meilleurs jeux de tous les temps ?
Siegfried : ÉVIDEMMENT un tel top est une tâche parfaitement impossible, d'autant que j'aime continuellement découvrir de nouveaux titres sans beaucoup revenir sur les mêmes. Mais allez, c'est bien parce qu'on est entre nous et que personne n'osera me juger sur ces choix faits à la va-vite (n'est-ce pas ?). Mais vous me fendez le cœur ! Garanti 0 jeu Lucky Duck pour éviter tout soupçon :
