Le Lièvre et la Tortue est connu pour être le tout premier lauréat du Spiel des Jahres en 1978. Dans ce jeu de course, franchissez la ligne d’arrivée en premier en gérant habilement votre réserve de carottes. Mais connaissez-vous l’histoire qui se cache derrière cette boîte ? Non ? Alors voici les coulisses du jeu à travers 5 anecdotes à connaître absolument.
1. Un vent de fraîcheur sur une mécanique encombrée !
La mécanique des jeux de course était très en vogue en 1974, lorsque le jeu de David Parlett, Hare & Tortoise, a été édité au Royaume-Uni par Intellect Games UK. Mais par rapport aux nombreux jeux que comptait le genre, H&T présentait l’avantage de proposer une nouvelle approche. Pour gagner, les joueurs ne devaient pas s'en remettre à la loi du hasard, dictée par des jets de dés, mais piloter leurs déplacements sur le plateau en gérant habilement des ressources, ici, symbolisées par des carottes. Le concepteur anglais parlait d’un jeu basé sur “l'économie de la carotte”. Une véritable révolution pour cette mécanique et un nouvel élan pour les jeux de course sans aléa qui deviendront populaires après Hare & Tortoise.
2. Changement de nom, changement de morale
En 1978, le jeu s’exporta en Allemagne où il fut publié par Ravensburger sous le nom de Hase und Igel, littéralement Le Lièvre et le Hérisson. Mais que vient faire un hérisson dans cette histoire ? En localisant le jeu de David Parlett, initialement inspiré par la fable d’Ésope du même nom, l’éditeur allemand a choisi de remplacer les protagonistes de la course par leurs équivalents issus d’un conte des frères Grimm, plus parlants en Allemagne.
Mais ce qu’il y a d’amusant dans ce changement de nom, c’est que la morale de l’histoire change par la même occasion. Dans la fable d’Ésope, le lièvre, étant tellement sûr de gagner, décide de faire une sieste et se fait dépassé par la tortue. Tandis que chez les frères Grimm, le hérisson remporte la course par la ruse en cachant des membres de sa famille sur le parcours. Ainsi, si dans le conte classique, la morale peut se résumer par “lentement, mais sûrement”, chez les frères Grimm, la morale est tout autre : “Si vous ne parvenez à gagner de manière régulière, trichez".
À vous de choisir celle que vous préférez !
3. Un jeu qui ne rencontra pas son public…
En intégrant le jeu anglais à son catalogue, Ravensburger fut confronté à un problème lié à sa commercialisation. En effet, bien que Le Lièvre et la Tortue ou plutôt Le Lièvre et le Hérisson ressemblait à un jeu pour enfants, le jeu s’adressait en réalité à un public plus adulte, du fait de la complexité de ses règles. Ainsi, le jeu peina à toucher sa cible et l’éditeur décida de le retirer des ventes.
4. … Mais sauvé par un nouveau prix !
Alors que Le Lièvre et la Tortue était voué à disparaître du paysage ludique, le jeu fut sauvé en remportant un prix nouvellement crée : le Spiel des Jahres. Le jeu remporta le tout premier Spiel de l’histoire en 1978, mais l'annonce officielle ne fut rendue qu’en 1979.
Une aubaine pour Ravensburger ? Pas réellement ! En raison de son échec commercial, la maison d’édition avait fait une croix sur la réussite du jeu et hésita dans un premier temps à accepter le prix. Mais devant la forte demande du public et le joli coup de projecteur, Ravensburger se ravisa.
Autre heureux hasard, le prix fut remis par un membre de Parlement allemand qui accepta de le faire si la cérémonie avait lieu dans sa circonscription, qui comprenait Essen, ville qui allait devenir un haut lieu du jeu de société avec la création de son salon dédié quatre ans plus tard, en 1983.
5. Le Clin d’oeil à Ésope !
Le Lièvre et la Tortue a été publié dans une douzaine de langues dans le monde. Pour les versions chinoise et japonaise éditées en 2018 par Broadway Games, les cases de laitue ont été remplacées par des cases Lit qui obligent les participants à faire une sieste pendant que les autres ont la possibilité de les dépasser. Une jolie allusion à la fable d’Ésope et à sa morale originelle. Mieux vaut tard que jamais...