Harmonies est un jeu de construction de paysage au design qui ne passe pas inaperçu avec son sympathique lion à crinière sphérique. Mais connaissez-vous l’histoire qui se cache derrière cette élégante boîte colorée ? Non ? Alors voici les coulisses du jeu à travers 10 anecdotes à connaître absolument.
1. Un jeu peut en cacher un autre
Johan Benvenudo a eu l’idée d’Harmonies en jouant avec le matériel d’un précédant jeu en voie de développement. En empilant différents jetons, l’auteur en quête d’inspiration a alors vu se construire un intrigant petit paysage, ce qui lui a donné l’idée d’en faire un jeu, alors même qu’il n’y avait aucune règle, ni système de points :
“L’idée du jeu est avant tout venue du matériel de l’un de mes anciens prototypes. À ce moment-là déjà, il s’agissait de cercles de bois de différentes couleurs, que l’on retrouve encore dans le jeu aujourd’hui. J’ai commencé à créer tout simplement un paysage. Cette idée de base n’a quasiment pas changé par la suite, sauf le choix de certaines couleurs et l’idée de créer des cartes pour les animaux, qui à l’origine étaient, eux aussi, des jetons tirés du sac.”
2. Le rendez-vous informel avec Libellud
Comme pour beaucoup de jeux, la rencontre entre Johan Benvenuto et l’éditeur a eu lieu à Cannes. L’auteur nous raconte ce premier contact avec Libellud :
“J’ai eu l’occasion de montrer Harmonies pour la première fois, à plusieurs éditeurs, à l’occasion du Festival International des Jeux, à Cannes. Parmi ces éditeurs, il n’était pas prévu que je le montre à Libellud, car le jeu ne correspondait pas aux récents jeux d’interprétation d’images que le studio a l’habitude de développer. Mais, depuis 5 ou 6 ans, comme à chaque fois que je me rends sur un festival, j’avais pris l’habitude de présenter mes projets en cours à Valentin Gaudicheau, l’un des game developers chez Libellud.”
3. Une présentation convaincante
Présente aux côtés de Valentin, Anouk Girard-Dagnas, cheffe de projet sur Harmonies, se souvient de la présentation du jeu :
“Je me rappelle très bien son explication. Il nous parlait d’un exercice d’optimisation, mais ce qui était frappant, et ce qui m’a vraiment attirée, c’est qu’il nous racontait le paysage qu’il était en train de créer en nous montrant le jeu. Le jeu était très abstrait, mais on a senti qu’il y avait quelque chose à pousser en partant de là.”
4. Une signature chez Libellud tant rêvée
À l’issue du rendez-vous, Libellud décida de garder le prototype pour des tests plus poussés. Lors de cette édition du FIJ, l’éditeur de Poitiers ramena cinq jeux dans ses valises, mais Harmonies fut le seul à décrocher un contrat d’édition.
Une décision qui a ravi Johan :
“Lorsque Libellud m’a recontacté pour signer un contrat d’option, puis un contrat d’édition, j’ai d’abord été très étonné, puis très content, car Libellud faisait partie des éditeurs qui m’ont toujours fait rêver depuis que j’ai débuté ma carrière d’auteur de jeux.”
5. Un travail d’édition fluide, mais parsemé de défis
Si le travail d’édition sur Harmonies a été fluide, Libellud a toutefois rencontré quelques points de blocage importants qui ont donné du fil à retordre à l’équipe en charge du projet, comme le raconte Anouk :
“Il y a eu des moments de déblocage particuliers, comme lorsque l’on a eu l’idée d’avoir plusieurs animaux par carte. Les cartes Animal étaient des objectifs que tu réalisais une seule fois à l’origine. Le travail d’équilibrage a été énorme. Là, c’est passé par des tableaux Excel, qui prenaient en compte les jetons, les formes, la complexité des combinaisons, la capacité de combiner des motifs et les points que représentait le paysage final… Un pur casse-tête !
Même chose pour le choix des jetons sur lesquels l’équipe a dû se creuser les méninges pour arriver au bon résultat :
“Pour les couleurs et la sérigraphie des jetons, nous sommes aussi passés par plein de directions différentes. On avait une option abstraite (celle que l’on a gardée) et une option beaucoup plus figurative, illustrée, qui représentait le matériau. La version figurative rendait les jetons plus jolis. Mais cela bridait un peu l’imagination : le jaune, par exemple, peut aussi bien représenter du blé que du sable… Donc, si l’on était trop précis, on arrivait à des paradoxes. Et, surtout, ajouter encore des imprimés, avec des cartes déjà bien détaillées, rendait le matériel beaucoup moins ergonomique. Or, lorsque l’on crée un jeu, la jouabilité, la lisibilité, prennent toujours le pas ! Donc, nous avons opté pour les jetons abstraits !”
6. La thématique, l'étincelle créatrice d'Harmonies
D’ordinaire, lorsque Johan travaille sur la création d’un jeu, il prend souvent comme point de départ une mécanique autour de laquelle il souhaite tendre. Pour Harmonies, l’auteur a chamboulé quelque peu son processus créatif puisqu’il est parti de la thématique du paysage, qui est présente dès les premières ébauches et qui n’a pas bougé. En revanche, le travail d’édition a mis en avant les animaux, permettant ainsi aux joueurs de créer un écosystème harmonieux et coloré, qui est le sel du jeu. Anouk, la cheffe de projet, précise :
“Le thème du paysage a toujours été présent. Dans le prototype d’origine, les animaux étaient présents sous forme de jetons, mais n’étaient pas réellement représentés. Le jeu était beaucoup plus abstrait. L’idée d’un mini-écosystème est venue au fur et à mesure.”
7. Un nom qui sonne comme une évidence
Harmonies est un nom doux à l’oreille et qui colle parfaitement au but du jeu qui est de créer un paysage élégant. Pourtant, le jeu ne s’est pas toujours appelé ainsi et le chemin a été long pour dénicher le nom qui fit mouche, comme nous le raconte la cheffe de projet :
“Le titre initial était Tiny Landscape. On le trouvait intéressant pour le côté « tiny » petit univers. C’était très fort avec le prototype d’origine. Mais le titre était long et un peu difficile à comprendre. On a beaucoup cherché. Il a aussi failli s’appeler Wild Heaven. Le titre Harmonies était dans notre première short list. On ne l’avait pas retenu pour différentes raisons, dont notamment, le fait qu’il existait l’extension Harmonies pour Dixit. Mais quand on a commencé à utiliser ce nom-là, c’est apparu comme une évidence. Un autre atout d’Harmonies est que ce titre reste identique en français, en allemand et en anglais.”
Johan Benvenuto explique le nom initial du jeu :
“Initialement, le jeu s’appelait « Tiny Landscape ». Je voulais faire un jeu « tiny », et arriver à faire ressentir aux joueurs des émotions dans un jeu tout petit avec très peu de matériel.”
8. Une illustratrice qui connait bien la maison
Les illustrations d’Harmonies sont signées par Maëva da Silva, qu’on connaissait déjà pour son travail sur des jeux comme Dragomino, When I Dream ou encore Château Aventure. Malgré son solide CV d'illustratrice ludique, Maëva s’est retrouvée à créer l’univers visuel d’Harmonies un peu “par hasard”. Directrice artistique chez Libellud depuis presque cinq ans, elle n’avait encore jamais illustré de jeu pour la maison d’édition. Lorsqu’elle prit en charge la DA d’Harmonies, Maëva fit des propositions de style, dont l’une d’entre elles a séduit toute l’équipe. N’ayant pas pu trouver l’artiste idéal pour réaliser ce qu’elle avait à l’esprit, Maëva s’en chargea alors elle-même :
Anouk se souvient : “Cette option artistique impliquait un travail énorme de composition de l’image, avec beaucoup d’allers-retours et un accompagnement compliqué. C’est aussi pour cela que Maëva a proposé de s’en charger. Tout de suite, ses créations nous ont plu. C’était une évidence ! Maëva a testé beaucoup de styles : on a eu des versions plus cartoon, plus réalistes, pour arriver à la version finale.”
9. Une claque visuelle pour l’auteur
La découverte de l’univers graphique est toujours un grand moment dans la vie d’un jeu et son auteur. Dire que Johan a aimé les premières illustrations de Maëva serait un euphémisme. Pour harmonies, Johan Benvenuto se souvient parfaitement de cet instant :
“Lorsque Maëva da Silva m’a montré la première illustration du crocodile, la première illustration créée pour le jeu, la représentation de l’animal dans le décor correspondait véritablement à l’identité-même que je m’étais faite du jeu dans mes premières ébauches ! Elle m’a demandé si ce dessin pouvait correspondre au jeu et à ce que j’aimais, je me souviens lui avoir répondu « demande-moi si j’aime respirer ! »”
Le message est clair !
10. Un Easter Egg caché dans une carte
Dans Harmonies, le nombre d’animaux dessinés sur une carte correspond au nombre d’animaux à réaliser. À l’exception de la carte Pingouin, où l’on peut voir un tout petit oisillon caché…