Avec son thème loufoque, Duck and Cover est un jeu qui ne passe pas inaperçu sur les étals des festivals. Mais connaissez-vous l’histoire qui se cache derrière cette boîte qui sent bon le savon et les sels de bain ? Non ? Alors voici les coulisses du jeu à travers 10 anecdotes à connaître absolument.
1. Duck and Cover, deuxième jeu d’un jeune auteur francilien
Duck and Cover est né de l’imagination d’Oussama Khelifati, qui signe ici son deuxième jeu édité après Glisse Banquise de Blue Orange. Quand il ne crée pas de jeux, Oussama est professeur d’EPS en région parisienne. Il découvrit les jeux de société modernes fin 2018, où il reçut quelques jeux à Noël. Six mois plus tard, il créait son premier jeu. Pour concrétiser ses idées, Oussama fait partie de Forgenext, une agence qui représente les auteurs de jeu et est membre de la LEAF, un collectif d’auteurs parisiens.
2. Une idée de fin de soirée
Duck and Cover est le fruit d’une somnolence de l’auteur entre deux parties de Pandémie. Interrogé sur la naissance du jeu, Oussama se souvient avec précision du moment où l’idée lui est apparue :
“L'idée du jeu est apparue le dimanche 11 février 2024. Nous étions en train de jouer à Mountain Goats et à Pandemie Legacy Saison 0. Aux alentours de 5h du matin, après 7 ou 8 parties d'affilée de Pandemie, je somnolais pendant une dizaine de minutes. Durant ce sommeil, ces "entre deux parties" où il ne se passe rien, je pensais à créer un jeu de prise de risque, le plus simple possible, sans même une addition, une combinaison ou quoi que ce soit, comme le font la plupart des jeux de dés comme Can't Stop. En sortant de ma torpeur, j'ai dit à mon ami présent ce soir-là que je devais tester une petite idée. J'ai pris le paquet de cartes de Trio, deux dés et j'ai commencé à tester la genèse de Duck & Cover, seul, sur un coin de table. Puis, je demande à mon ami de venir tester. Il n'est pas très convaincu, mais moi, j'y crois.”
3. Une création éclair
Après cette étincelle, l’auteur se consacra à 100% au développement de son idée, affinant par petite touche la mécanique du jeu. L’auteur nous en dit plus sur le processus de création de Duck and Cover, qui s’écoula sur le laps de temps de… deux semaines :
“Le soir même, j'y pense en boucle. Puis le lendemain, je teste seul. Je modifie 2 ou 3 éléments. J'aime toujours autant, voire plus. Le lendemain ou surlendemain, je demande à Gaetan Beaujannot de Forgenext de venir tester "un petit truc" sur Tabletopia. On joue, on sent qu'il y a quelque chose, que ça peut plaire, mais que c'est encore un poil étrange. On tente des choses avec des dés, des cartes, bref, un peu de développement. S'ensuit alors deux semaines acharnées sur le jeu avec quelques micro modifications qui vont faire tout le sel du jeu, notamment la fin de partie liée aux cartes écartées. Je suis très fier de cette trouvaille. Le 25 février, arrivé à Cannes, je présente le jeu, et le développement est fini de mon côté. Mais ce n'était que le début.”
Cependant, même si sa durée de développement a été très courte par rapport à d’autres jeux, le projet a tout de même été parsemé de difficultés que l’auteur et l’éditeur ont dû relever.
“Le cœur du jeu est venu très rapidement, ce qui a grandement facilité le développement. En revanche, tout l'équilibrage, tous les micro éléments qui semblent "évidents" ont pris du temps à être parfaitement au point, que ce soit du côté de mon développement ou en compagnie de l'éditeur.”
4. Mountain Goats et Skyjo, inspirations du jeu
Pour la création de Duck and Cover, Oussama s’est inspiré de Mountain Goats, un jeu de placement avec des dés méconnu des joueurs français.
“Mountain Goats a été la source d'inspiration première, j'adore ce jeu et je ne comprends pas pourquoi il n'est toujours pas édité en France. Merci à Bruno Faidutti de me l'avoir prêté et conseillé d'ailleurs.”
Côté comparaison, les joueurs ayant pu tester le jeu associent souvent Duck and Cover à Skyjo. Si l’auteur reconnait que le lien le flatte, celui-ci confie ne pas s’en être inspiré, du moins consciemment.
“Le public assimile souvent mon jeu où il y a un tableau de 3x4 cartes devant chaque joueur au plus populaire Skyjo. Mais je ne pense pas qu'il m'ait inspiré plus que ça, inconsciemment certainement. Je ne vais pas m'en plaindre, je suis très content que des gens puissent comparer les deux. J'espère même que ce jeu puisse être une passerelle pour les joueurs de Skyjo et leur permettre de découvrir d'autres jeux par la suite.”
5. Un auteur qui a l’embarras du choix
Si le jeu a rapidement trouvé son public lors des tests, l’auteur avait toutefois un léger doute sur l’intérêt des éditeurs et resta donc prudent lorsqu’il confia son jeu à Gaëtan de Forgenext pour le FIJ. Le doute fut balayé suite aux bonnes réactions de la profession :
“Il y a eu de nombreux retours positifs des éditeurs sur le salon et dans les deux semaines qui ont suivi. La difficulté fut dans le choix et la confiance dans les personnes à qui j'allais accorder ce projet. L'engouement, la volonté et les idées de Captain Games m'ont emballé, d'où mon choix pour cet éditeur.”
6. Quand Captain Games jette son ancre sur le jeu
François Romain de Captain Games se souvient de la découverte du jeu lors du Festival de Cannes et de la très bonne impression laissée par le jeu :
“Le proto de ce qui allait devenir Duck & Cover a attiré notre attention avec un ou deux autres prototypes. Dans le tumulte d’un festival, il est difficile de prendre des décisions sur le vif, d’avoir le cerveau dédié à une seule chose. Mais une fois la nuit passée, lors du petit déjeuner, nous en avons discuté, et nous l’avons à nouveau joué. Après quelques parties, un goût de “reviens-y” nous collait à la peau. Il nous a paru évident qu’on devait affirmer notre intérêt pour le jeu.”
7. La salle de bain, un souhait de longue date
Duck and Cover n’a pas toujours eu la thématique loufoque autour de la salle de bain et des petits canards en plastique. Cédrick Caumont, fondateur de Captain Games, revient sur cette drôle de trouvaille :
“C’est littéralement un travail d’équipe. Le jeu au début avait pour thème des montagnes qui se recouvraient. Vous commencez à connaître Captain Games, on est un peu “foufou” et nous voulions donner une image familiale et légère à ce jeu. Le thème des canards de bain est quelque chose que nous avions dans les bacs depuis quelques mois. On se disait que ça pourrait être quelque chose de fun et de léger.”
Un choix fun et décalé mis en valeur par le travail d’Adrien, l’illustrateur interne de Captain Games qui a su donner vie à cet univers graphique étonnant, mais en évitant de donner un côté infantile à la boîte.
8. Nouveau thème, nouveau nom
Avec l’émergence du nouveau thème, le jeu d’Oussama changea plusieurs fois de noms. François revient sur la réflexion de son équipe afin de trouver le nom qui irait au jeu comme un gant… de toilette !
“Au début, le jeu s’appelait “Mountains”, mais ce nom n’est pas resté en place très longtemps. C’est devenu “le jeu des Canards” et c’est lors d’un voyage aux US où le jeu de mots “Duck & Cover” a été suggéré, il contient presque toutes les règles en 2 mots… Recouvrir ou plonger.”
9. Une simplicité en apparence
Derrière la relative simplicité de Duck and Cover se cache un travail d’édition acharné pour que tout soit réuni pour que la magie ludique opère, comme le précise Cédrick :
“L’évolution entre le prototype original et la version finale est grande, mais comme souvent dans le développement d’un jeu. Dès le début, les questions majeures ont été celles concernant la balance entre l’accessibilité et la complexité, la durée et la manière de rendre le jeu tendu jusqu’au bout, et comment créer des émotions autour de la table… tout ça en gardant l’âme et la facilité du jeu.”
10. Une aventure riche en anecdotes
Éditer un jeu est forcément un périple parsemé de petites histoires en tout genre. Bien entendu, Duck and Cover ne fait pas exception. Voici un petit florilège des meilleures anecdotes partagé par Cédrick et François :
“Que choisir ? Qu’à Toulouse les “Coins” se disent “CoinG”? Que les gamers qui semblent sceptiques en abordant le jeu ont tendance à en redemander ? Que certaines des règles qu’on a imaginées ou modifiées lors du développement du jeu seront disponibles en ligne ? Que les tenues prévues pour les salons sont complètement folles ? Que vous allez pouvoir jouer avec l’auteur dans son bain selon les festivals auxquels vous vous rendrez ? Que nous avons envisagé de travailler avec une véritable société productrice de canards de bain ? (et qu’ils ne nous ont jamais répondu) Que plusieurs illustrateurs comme Maud Chalmel, Quentin Greban, Debbie Ridpath Ohi nous ont dessiné des canards que vous pourrez retrouver dans notre Artists Pack lors des festivals où nous serons ?”