Dans Savannah Park, gérez des troupeaux d’animaux et tentez de les regrouper. Un jeu solo à jouer à plusieurs. Diablement efficace !
Comme son titre l’indique, et le pitch ci-dessus, Savannah Park se déroule donc dans la savane. Girafes, rhinos, antilopes, éléphants, zèbres et autruches y gambadent. Rajoutez à cela encore quelques lions, notamment pour une variante de règles. Autant le dire tout de suite, et sans surprise aucune avec le duo d’auteurs, on est ici face à un pur jeu dit à l’allemande. C’est-à-dire, au thème ténu, abscons, qui met cependant les mécaniques au centre du jeu.
Il y a un thème, certes, mais il n’a aucun impact ni cohérence. C’était juste pour en mettre un.
Avec Savannah Park, et comme dans de nombreux titres récents, on peut constater que la pandémie est passée par-là. Comme dans l’un des derniers jeux de l’éditeur lyonnais Catch up Games, Les Gardiens de Havresac, on y joue à plusieurs autour de la table, certes, mais le nez collé à son coin de savane, à son plateau, ses tuiles, ses troupeaux d’animaux.
Dans Savannah Park, on joue ensemble, mais dans son coin. On partage une partie, mais sans se parler ni s’intéresser aux autres.
Avec Savannah Park on a peut-être atteint les limites du jeu de société. Dans « jeu de société », il y a jeu, bien sûr. Et société, aussi, surtout. Avec le jeu de société, le jeu fait société. Je(u) crée du lien.
L’interaction est ici inexistante. Tout dépend bien sûr de votre définition du terme. Souvent débattu chez nous.
Si pour vous le fait de vous retrouver à une table sans se parler suffit pour générer de l’interaction, alors oui, dans cas il y en a ici. Mais si vous recherchez plus, le jeu Savannah Park risque fort de vous refroidir. On joue ensemble. Mais séparés.
Avec la pandémie, les jeux de société se sont adaptés à la situation sanitaire, à la demande. Aujourd’hui, la grande majorité des jeux de société inclut désormais une règle spécifique pour y jouer aussi en solo. Le jeu Savannah Park renverse le paradigme. C’est un jeu solo qui peut aussi se jouer à plusieurs. Mais on finit quand même par y jouer en solo. Mais à plusieurs.
Et au fait, on joue comment à Savannah Park ?
Rarement un jeu n’aura eu des règles aussi courtes et ramassées. Choisissez une tuile sur votre plateau, annoncez-la aux autres, si vous ne jouez pas en solo, et déplacez-la. Et tout le monde fait pareil avec la même tuile sur son propre plateau. Voilà. C’est tout.
Un concentré d’épure efficace. Comme on dit, « Less, is more« . Mais alors ici dans Savannah Park, c’est plutôt « Less, is pas possible du tout« , tellement les règles sont simples et limpides. Une tuile, un déplacement.
Alors évidemment, il existe quelques subtilités qui viennent relever le tout. On ne peut pas placer cette tuile sur : des feux de brousse, un rocher ou sur l’emplacement qui vient d’être libéré, il faut aller voir ailleurs. Et c’est tout.
En tout fin de partie, quand toutes les tuiles auront été déplacées, on procède au décompte final plutôt rapide : on retire toutes les tuiles autour des feux de brousse, pour autant que le nombre d’animaux présent sur les tuiles correspondant au nombre de feux, 1 à 3. Puis on compte les points. Par animal, et pour chacun des six espèces, on compte son plus grand groupe, et on multiplie le nombre d’individus par le nombre de points d’eau présents dans le groupe.
Pour faire simple, ou simpliste, Savannah Park est un subtil mélange entre Cascadia, pour son thème animalier et ses regroupements, qui vient tout juste de rafler le Spiel des Jahres 2022, et Kingdomino. Qui a lui aussi décroché le Spiel il y a 5 ans. Au lieu de couronnes, on utilise les points d’eau, vitaux dans la savane.
À l’esthétique plate et peu ragoutante, au thème ténu, Savannah Park est un jeu solo qui se joue à plusieurs. Et pourtant. Derrière tous ces écueils se cache un très, très bon jeu. Efficace, épuré, addictif. Tout ce que l’on recherche dans un jeu. Dans un grand jeu !