Libertalia, Les Vents de Galecrest est la réédition d’un jeu sorti il y a dix ans. Cette version, augmentée, le propulse au firmament.
Libertalia, Les Vents de Galecrest est principalement un jeu de cartes. Avec un deck identique pour chaque personne.
En début de partie, après la mise en place initiale, une personne choisie au hasard mélange ses 40 cartes d’équipage, en pioche 6 et annonce son tirage aux autres. Elles vont alors récupérer celles-ci dans leur deck respectif.
Donc tout le monde commence avec les mêmes cartes. Vous piochez également une tuile de butin par personne à déposer sur le plateau pour chaque jour du voyage à venir. Il y a trois voyages de ce type, commençant à quatre jours puis passant à cinq et six pour les trois manches que comptera la partie.
Chaque jour, on choisit une carte de sa main en secret. La carte affiche un numéro de rang et un ou plusieurs pouvoirs spéciaux. Une fois que tout le monde a choisi, les cartes sont classées par ordre de rang et leurs pouvoirs « jour » sont activés de gauche à droite, par ordre croissant.
Ensuite, leurs pouvoirs «crépuscule» sont activés dans la direction opposée, le rang le plus élevé en premier. Après quoi on peut choisir une tuile de butin parmi la sélection du jour. Ces tuiles de butin ont parfois aussi un effet de crépuscule qui se produit lorsqu’elles sont ramassées. Enfin, quelques cartes ont un effet « nuit » qui s’applique simultanément.
Simple, pas simpliste. C’est à peu près tout pour les règles, qui s’expliquent en quelques minutes à peine. Libertalia, Les Vents de Galecrest s’apprend vite. Mais attention ! Il n’est pas un jeu simpliste pour autant. Les pouvoirs spéciaux des personnages de son équipage et des tuiles sont très variés et pimentent le jeu. Qui fait quoi, et quand.
Et comme il y a quand même beaucoup de cartes et de jetons différents, on a beaucoup d’informations diverses et variées à emmagasiner. On est loin d’un jeu familial ! Libertalia, Les Vents de Galecrest est un jeu simple mais complexe.
Et quid de l’interaction ?
L’interaction est modérée à forte. Un solide 4 sur notre échelle de l’IGUS.
Certains personnages et jetons permettent de s’en prendre aux autres pirates, mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut véritablement décider en choisissant sa carte. Tout dépend de l’agencement des pirates.
Le seul choix interactif à effectuer, c’est lorsqu’un butin « sabre » est tiré qui permet de défausser un pirate parmi l’un de ses deux voisins. Mais dans le choix de son pirate joué, on doit bien évidemment tenir compte de ce que les autres vont poser. Donc il est important de prêter attention à leur jeu et ne pas jouer dans son coin
Libertalia, Les Vents de Galecrest, verdict :
Libertalia, Les Vents de Galecrest est déroutant. Des règles simples, qui cachent un jeu subtil et ample. Quelle carte jouer quand. Sachant que tout le monde a plus ou moins les mêmes. Je mets « plus ou moins », car les autres peuvent en récupérer de leur cimetière, et en garder en main entre une manche et l’autre. Donc si tout le monde commence la partie avec la même main, les choses évoluent et varient au fil de la partie.
Avec Libertalia, Les Vents de Galecrest, plus on y joue et plus on en apprécie sa saveur. À la première partie, on ne saisit pas tout de suite tous les tenants et aboutissants du jeu. On pense avoir affaire à un simple jeu de guess, i.e. de devoir deviner ce que les autres vont jouer pour pouvoir adapter sa stratégie. Alors que cet aspect est, en fin de compte, plutôt léger. Il est évidemment préférable de deviner juste. Mais ce n’est de loin pas l’élément essentiel, le cœur du jeu.
Après plusieurs parties, une fois que les actions des pirates seront bien maîtrisées, on commencera à pouvoir pleinement les exploiter et déjouer le jeu des adversaires tout en échafaudant des stratégies « diaboliques ».
Dans Libertalia, Les Vents de Galecrest, il faut préparer toute sa manche. La tactique est moins importante que la stratégie (rapidement, pour clarifier les choses : tactique = gagner une bataille en opérant des choix optimaux sur le vif => vision à court terme, on est dans la réaction / stratégie : gagner la guerre en préparant ses prochains tours, vision à long terme, on est dans la pro-action).
Libertalia, Les Vents de Galecrest pourrait presque paraître un peu fade si l’on se contente de jouer pirate après pirate pour optimiser son tour. Alors qu’en vrai, il est « vital » de bien gérer sa main tout au long de la manche, de la partie. Sachant qu’on ne jouera que quelques cartes et que d’autres resteront en main. Autrement dit, quelles cartes jouer ce tour-ci, lesquelles conserver pour les prochains.
Et plus, et mieux on connaît tous les pouvoirs des 40 cartes, et plus Libertalia, Les Vents de Galecrest prend toute son ampleur, toute saveur. On obtient ainsi une meilleure vision d’ensemble et des opportunités stratégiques fortes.
La durée de vie du jeu est inouïe, puisque on ne joue qu’avec 6+8+9=23 cartes sur 40, ce qui donne des combinaisons à chaque fois différentes. Sans même parler de la distribution des butins qui rajoute en variété.
En bref, Libertalia, Les Vents de Galecrest est un très, très bon jeu. Le jeu d’origine était déjà très bon. Cette réédition parvient le sublimer encore plus. Cela fait un bien fou de revoir un excellent jeu Stonemaier. Leurs précédents jeux m’ont quelque peu laissé une impression mitigée.
Sa fluidité, les multiples retournements de situation selon la configuration de pirates joués, sa simplicité apparente, une interaction piquante, font de Libertalia, Les Vents de Galecrest un grand jeu.
Grandiose !
Un excellent jeu épuisé, devenu encore mieux dix ans plus tard. Un must-have de 2022 !