KAKAPO s’appuie essentiellement sur la mécanique du jeu de cartes traditionnel du Président. L’objectif de chaque joueur est de se débarrasser au plus vite de l’ensemble de ses treize cartes en main. Ici, elles sont de deux types, affichant un chiffre ou deux chiffres, ces dernières comptant ainsi pour deux cartes. Cette première petite subtilité augmente le nombre de possibilités tactiques et de combinaisons possibles. Autre petit twist intéressant, au début de la partie, les joueurs se constituent une réserve de trois cartes qu’ils pourront échanger contre d’autres avant les manches deux et trois. Ces choix impliquent davantage de contrôle sur une pioche parfois peu favorable. Ainsi, KAKAPO prend quelques peu ses distances avec le Président en injectant deux ou trois changements, minimes mécaniquement, mais suffisamment subtils pour changer les sensations de jeu. D’ailleurs, KAKAPO s’éloigne encore plus franchement de son jeu d’appui en choisissant d’intégrer progressivement des règles rappelant certains codes de jeux d’ambiance. La première, l’Épreuve du Totem, présente dans le jeu de base, incorpore une notion de « guessing » et de bluff, suivie d’un choix de contraintes à infliger à son adversaire direct. Disons le très honnêtement, j’ai bien eu du mal à comprendre ce que cet élément venait faire au beau milieu d’un jeu plutôt sérieux. J’ai enfin pu saisir l’idée globale en expérimentant les apports de deux extensions proposées. Celles-ci positionnent clairement le jeu dans le « Party-game », ce qui brouille quelque peu les pistes de la cohérence du titre. En effet, d’un côté, on rajoute au Président quelque chose de plus réflexif ou tout du moins plus tactique, notamment dans les deux autres extensions, et de l’autre, on lui incorpore des actions plus ou moins potaches, tâchant à le rendre très premier degré, spontanée et instinctif. Le concept a le mérite de proposer un jeu à la carte, très rejouable et s’adaptant aux volontés des joueurs autour de la table.
KAKAPO est en ce sens un jeu assez déroutant. Le cul entre deux chaises, il propose, avec nostalgie, de détourner le jeu du Président en quelque chose, à la fois de plus réflexif et de plus fun. L’univers maori est très agréable et les illustrations apparaissent amusantes. Si vous aimez le Président et que vous cherchez à le customiser, alors foncez ! En plus, la fabrication est 100% française et ça c’est chouette.