À la Recherche de la Planète X

C'est un jeu plutôt initié de déduction. Nous sommes des astronomes et devrons trouver la planète X. Accompagné d’une application pendant toute la partie, le jeu avec un départ asymétrique va nous demander de scanner des zones, participer à des conférences afin de supposer ou réduire les possibilités sur chacune des zones du plateau en posant des questions à l’application. Chaque zone ne peut accueillir qu’un objet parmi une planète naine, un astéroïde, une météorite, un nuage de gaz, ou être vide ! Sachant que chaque type d’objet a une ou plusieurs contraintes permettant de déduire ce qu’il y a ou pas autour. Une sorte de course donc, mais pas seulement puisque les actions couteront plus ou moins de temps et le joueur actif sera celui qui en a utilisé le moins. Pour l’emporter, il faut trouver être celui avec le plus de point à la fin, déterminé avec les déductions réalisées pendant la partie et le temps dépensé. Le tout avec un gros bonus évidemment si l’on a trouvé la fameuse planète X.

C’est un exercice finalement très abstrait, avec pas mal de manipulations sur le plateau qui complexifie un peu l’ensemble inutilement, mais le jeu fonctionne très bien avec une réflexion pas évidente du tout qui pourra laisser des joueurs sur le carreau. L’application n’est pas gênante et permet une grosse variabilité sur les parties. Comme tous les jeux de ce type, on se demande si les indices asymétriques de départ sont toujours équilibrés. On pense forcément à Cryptide qu’on lui préfère après cette unique partie (plus épuré et simple à expliquer notamment) ou même Archeologic dans les sorties plus récentes. En tout cas, c’était plaisant. Nous avons quand même envie d’essayer le suivant, avec un thème qui nous parle beaucoup plus et devrait on l’espère plus faire l’unanimité.

Alors même si on a de nouveau affaire à un jeu de tableur excel où on va progressivement éliminer des possibilités compte tenu des infos qu’on reçoit, A la recherche de la Planète X est particulièrement savoureux dans le genre grâce aux multiples infos que les joueuses reçoivent dans tous les sens et qu’elles doivent correctement traduire dans leurs recherches.  De plus, et c’est ce qui détache encore plus A la recherche de la planète X des autres jeux de déduction, les spéculations de vos adversaires vont vous aider dans vos recherches que ce soit grâce aux infos dévoilées ou même au simple fait qu’ils décident de miser sur un secteur (une mise face cachée peut être riche en enseignement, sauf si c’est du bluff…).

Pour sûr, À la Recherche de la Planète X est un jeu de niche.

Car tout le monde n'apprécie pas les jeux de déduction et de logique "sérieux", où l'on passe son temps à recouper des informations souvent très vagues, à tenter de gratter des indices en fonction des actions de ses adversaires, et à faire des suppositions sur le placement d'éléments en prenant le risque de voir ses croyances s'effondrer à cause d'une erreur d'inattention. Et encore plus quand une application est obligatoire, et que cela casse forcément un peu l'esprit "festif" du jeu de société et oblige les joueurs à jouer encore plus davantage face à eux-mêmes.

Mais si l'astronomie vous parle et que vous acceptez le contrat, vous allez juste passer avec À la Recherche de la Planète X une heure simplement ... géniale. Un jeu rapide à mettre en place, des règles de jeu limpides (sauf peut-être pour le scoring final), une application qui se montre aussi minimaliste que didactique et pratique... tout est pensé pour vous permettre de vous plonger rapidement dans l'aventure, et créer une vraie tension autour de la table tout en générant un sacré panel de sensations.

Car vos émotions vont en voir du pays, du stress de vous sentir au départ complètement submergé par la tâche qui vous incombe, à la joie ultime d'avoir parfaitement théorisé le bon placement... d'un simple astéroïde !

Une franche réussite mécanique, qui le place en successeur légitime du non moins excellent Cryptide. Pour un jeu exigeant qui permet de s'évader tout en se sentant "intelligent". Et cela fait un bien fou !