Le jeu propose un mélange savoureux de pose d’ouvriers et de « deckbuilding » dans une forme plutôt originale, même si cette combinaison se retrouve de plus en plus souvent, notamment dans CONCORDIA. Il s’agira donc de se créer une main de cartes efficace pour profiter de leurs différentes possibilités d’action. En effet, à tour de rôle, les joueurs n’auront qu’une seule action à effectuer, jouer une carte de leur main. Chaque carte « Citoyen » offre quatre utilisations possibles. Si les trois premières permettent d’agir concrètement sur le plateau de jeu afin de récupérer des ressources, déplacer son Margrave ou des chevaliers, construire des « Tours de Conjuration » ou combattre les monstres, la dernière possibilité porte la mécanique du jeu et s’inscrit dans une stratégie en arrière plan et à long terme. Car c’est bien dans l’achat de cartes que se joue l’essentiel des futures options possibles mais aussi une part importante du « scoring » final. Les différentes cartes permettent des actions plus puissantes ou variées et présentent le symbole d’une guilde que les joueurs vont devoir collectionner. Il va donc falloir parfois choisir entre poursuivre les plans prévus sur le plateau de jeu en utilisant l’intégralité des cartes en notre possession pour prendre de vitesse nos adversaires sur la récupération de ressources par exemple, sur le placement d’un de nos bâtiment ou le combat d’un montre en apparence intéressant pour les bonus qu’il va nous octroyer ou bien récupérer ses cartes en main pour en acheter une autre qui nous fait de l’œil et pourrait bien nous passer sous le nez. Ces choix stratégiques sont à la fois très simples et véritablement subtils. Le seul bémol est le fait que les joueurs vont orienter davantage leurs choix de cartes par rapport aux guildes qu’elles présentent plutôt que leurs capacités, trop peu redoutables à mon sens. MARGRAVES DE VALERIA est très plaisant en articulant parfaitement les différentes options entre elles, notamment par la récupération de « bonus » un peu partout. Ce sont ces différents gains, qui feront la différence, alors qu’ils apparaissent comme des détails à première vue. Chaque ressource, pièce, tuile « privilège » ou case parcourue sur les pistes d’influence ont une importance capitale tant le résultat final peut être tendu. Ceci témoigne d’un équilibre parfait entre les différentes voies stratégiques. Et si la construction de « Tours de Conjuration » et le « Terrassement » de monstres sont inévitables, les options pour réaliser ces deux actions sont nombreuses. MARGRAVES DE VALERIA est tout ce que l’on peut attendre d’un jeu de ce calibre. Il articule parfaitement et intelligemment un jeu de plateau à un jeu de cartes. Les règles sont accessibles et la fluidité entre deux tours de jeu est très appréciable. L’immersion est plutôt au rendez-vous, même si concrètement l’objectif est d’avancer sur des pistes et de collectionner des symboles. Les belles illustrations et la qualité du matériel apportent véritablement un plus à l’expérience ludique. Un jeu très efficace, comme en témoignent des iconographies impeccables, rendant le titre beaucoup plus accessibles que la profusion de matériel peut le laisser présager. Les interactions indirectes, de par les mini-courses aux emplacements, ressources, monstres, cartes et tuiles « privilège », ainsi que l’utilisation commune des chevaliers, renforcent une belle rejouabilité même s’il est dommageable de terrasser plusieurs fois les mêmes monstres. MARGRAVES DE VALERIA réussit avec succès son numéro d’équilibriste entre gestion, placement d’ouvriers, « deckbuilding » et collection.