Moorland se base sur la mécanique de prendre et placer, mais à deux niveaux, et en décalé. Il faut prendre les cartes marécages, prendre et placer les plantes, puis placer les cartes marécages. Le jeu demande de l’attention, surtout au début, pour comprendre toutes les subtilités du mécanisme. Ce n’est pas si facile que ça, en particulier à cause de la gestion de la dérive des plantes, une fois les marécages placés. Une fois que ce fonctionnement est assimilé, le jeu est finalement assez fluide, avec des tours qui s’enchaînent bien.
Moorland peut rappeler Coffee Rush. On trouve ici le même type de gestion de contrat, avec les cartes marécages qu’il faudra placer en remplissant des conditions, et les cases qui vont contenir les éléments permettant de remplir le contrat. Mais là où Coffee Rush fait le pari d’un contrat fort, qui ne peut pas être « sur-rempli », et qui perd tout intérêt pour le reste de la partie une fois rempli, Moorland permet une gestion plus souple des clauses du contrat. Placer des plantes sur une case ne condamnera pas forcément cette case pour une autre carte marécage, puisqu’il est possible de placer une carte même si la case contient plus de plantes que nécessaire pour le contrat. Cela va permettre de changer d’idée au cours de la partie, et de placer des cartes plus intéressantes si disponibles. Le jeu permet également de jouer l’envers d’une carte marécage, mais ce choix coûte un point de victoire finale.
Moorland est un jeu stratégique, qui va faire intervenir une part de hasard. Hasard lié au tirage des cartes marécages et plantes, qui vont conditionner les choix des joueurs et joueuses, et pourront faire vaciller une tactique trop rigide. Il va falloir savoir s’adapter, et savoir en particulier gérer la dérive, et déplacer à bon escient ses plantes, puisqu’elles ne pourront quitter une case libre qu’une fois celle-ci recouverte. Moorland est donc un jeu assez complexe, mais amusant quand même. La courbe d’apprentissage est ardue, pour un temps de jeu relativement court. Cela pourra effrayer certains ou certaines, mais la rejouabilité de Moorland est assez élevée, de par sa complexité, en particulier.
L’âge annoncé sur la boîte (10 ans) me paraît assez optimiste, étant donné les règles et paramètres à prendre en compte. Moorland est à mon avis plutôt un jeu pour les joueurs et joueuses averti(e)s, le risque de perdre et dégoûter les joueurs et joueuses occasionnel(le)s ou novices me semblant plus que potentiel.
Au final, Moorland est comme une tourbière : au premier abord, ça peut sembler compliqué et un peu boueux, mais une fois qu’on s’y plonge, on découvre tout un écosystème fascinant de gameplay. Écologie, stratégie et rejouabilité, dans un format relativement court mais dense, Moorland est une réussite.