Prey an another day est un jeu de cartes minimaliste qui mélange bluff et déduction pour tenter de devenir le maitre incontesté de la forêt.
Tous commencent avec une même main de départ, à savoir 5 cartes numérotées de 1 à 5. Tous les joueurs jouent simultanément une carte de leur main sans la révéler. Puis vient l’heure de la chasse! Dans l’ordre numérique, en commençant donc par l’Ours 1, on demande aux joueurs QUI auraient joué l’Ours. Si un Ours est joué, le joueur retourne sa carte, et choisit une proie à chasser parmi les animaux restant (Loup, Lynx, Hiboux, Souris). Les joueurs qui ont joué cette proie sont éliminés de la manche.
A savoir que si 2 Ours dans cet exemple ou plus sont révélés, c’est la confusion chez les chasseurs et les proies potentielles peuvent souffler.
On continue ainsi en appelant les animaux de 1 jusqu’à 5, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un seul joueur en lice. Celui-ci remporte 2 points champignon.
S’il reste des joueurs en lice après 3 cartes jouées, celui ou celle qui cumule le score le plus élevé sur ses cartes (et donc avec des animaux potentiellement plus faibles) remporte la manche, avec 2 points à la clef. Les autres n’en gagnent qu’un seul.
Le premier à 5 points remporte la partie.
Prey another day c’est un jeu à ne pas mettre en toutes les mains. Le genre de jeu de comptoir qui se déguste en enchainant les parties, comme le demande 12 Chips Trick sous la bannière du même localisateur, ou le très connu Love Letter. Quelques parties ne suffiront pas à dévoiler tout le potentiel du jeu aux yeux des joueurs, les plus lassés n’y verront pas sa subtilité. Et pourtant le jeu est canon.
Jouer des cartes à haute initiative assurerait l’initiative, mais limiterait les chances de trouver LA bonne proie, celle qui éliminerait le plus de joueurs. En plus de s’en remettre à la chance en la jouant en début de manche, elle ne donne que peu de points si on arrive au bout des 3 tours de jeu. Par contre, la jouer en toute fin assure 1 point et peut faire pencher la balance, en plus de rester vivant.
Au contraire des plus faibles cartes et notamment la Souris 5, qui rapportera un max de points, évidemment tentant mais peut être trop prévisible? Et donc facile à chasser. On croisera alors les doigts pour que le bluff fonctionne, et/ou que les autres jouent des animaux identiques (je rappelle qu’ils s’annulent ainsi).
Donc oui il y a des parties stériles, avec peu d’enjeu. Oui il y aura des parties pas très enthousiasmantes. Mais il y aura aussi et surtout ces parties qui s’enchainent au cours desquelles on apprend à analyser les façons de jouer des adversaires, essayant de déduire leurs cartes jouées et donc d’anticiper leurs stratégies. Les coups d’éclats enfin apparaissent, on peste quand un joueur joue la même carte que nous, on jubile quand on sort indemne avec un Hibou 4 et que tous les joueurs sont encore en lice. Bim! coup de poker et on élimine tout le monde. Entre bluff et déduction.
Faire si bien avec si peu de cartes, c’est brillant. C’est vraiment très fort.
Bémol donc pour le public auquel s’adresse le jeu, je pense que beaucoup seront déboussolés par la rapidité des parties. PAD demande un sens de lecture stratégique aiguisé et pourrait décourager les joueurs les moins concentrés.
Autre bémol très personnel : le titre du jeu. Je ne pense pas que le titre parle à grand monde et pourrait détourner les yeux qui pourtant serait attirés initialement par une couv’ moderne et colorée (même si les illustrations du jeu original, baveuses et kitsch à souhait renforcent pour moi la dimension « comptoir » du jeu). Mention tout de même à la refonte graphique qui propose des scènes avec la fameuse souris toujours en mauvaise posture. C’est même le premier indice visuel que ma fille à remarquer!