TAKENOKO est un incontournable dans le milieu ludique. Il représente un « jeu-passerelle » d’une efficacité redoutable pour convertir un public très large aux jeux de société modernes. Et comment résister à sa thématique originale et son matériel splendide ? Il suffit de voir la réaction des gens autour de la beauté de sa boîte, mais également devant son plateau coloré, rempli de bambous en trois dimension pour saisir immédiatement l’envie absolument irrésistible de jouer à TAKENOKO. Mais le jeu n’est pas que beau… Et sa désignation comme As d’Or du Jeu de l’Année 2012 n’est pas un hasard. Ses règles très accessibles servent une mécanique simple et parfaitement huilée d’utilisation de points d’action en vue de réaliser des objectifs secrets. Sur le papier, rien de bien original me direz vous, sauf qu’ici cette mécanique est enveloppée dans du velours. Sans revenir sur direction artistique éblouissante du jeu, TAKENOKO respire sa thématique dans les moindres détails qu’il propose. La bambouseraie prend véritablement vie devant nos yeux et se transforme au cours de la partie par un jeu dans le jeu dans lequel chaque joueur tente de « faire et défaire » ses propres réalisations et celles des autres, sans vraiment que ce soit volontairement « méchant ». Les principales interactions, aussi rares soient-elles, proviennent essentiellement de cet aspect. En ce sens, TAKENOKO manipule quelque peu les joueurs autour de la table en proposant un concept mignon, acidulé et léger tout en suggérant inconsciemment de jolies entourloupes. Les joueurs tenteront de deviner vers quels objectifs tendent leurs adversaires pour pouvoir mieux les contrer dans un jeu plus tactique et taquin qu’on ne le pense à première vue. La forte présence du hasard peut rebuter à juste titre certains joueurs, mais il ne faut pas perdre de vu que TAKENOKO s’adresse principalement et avec panache à un public cible familial, sans aucune autre prétention. Il associe de façon équilibrée un côté ludique élégant et des propositions tactiques légères et intelligentes. Sa rejouabilité n’est plus à démontrer et les ajouts de son extension CHIBIS viennent contrebalancer les quelques déséquilibres qu’on pouvait lui reprocher en augmentant les possibilités d’action des joueurs, et en intégrant de nouveaux éléments devenus vite indispensables. En moins d’une heure, TAKENOKO fait l’unanimité autour de la table, même si les tours de jeu peuvent paraitre légèrement long tant le plateau évolue tour après tour. Les joueurs doivent en effet s’adapter souvent à la dernière minute et laisser tomber ce qu’ils avaient prévu. Très peu stratégique, TAKENOKO joue la carte de l’opportunisme à fond pour se révéler encore plus « passe-partout ». Il plaira aux enfants comme aux plus grands, qui essaieront d’apprivoiser la chance et de tirer partie de chaque situation favorable, de manière un peu solitaire il est vrai. TAKENOKO, dans la même veine que « LES AVENTURIERS DES RAILS, CATANE, ou CARCASSONNE, propose un équilibre parfait entre réflexion et distraction. Sa singularité provient de sa thématique et de son esthétique qui le rendent incontestablement moderne, séduisant et très touchant.