Museum Suspects est un jeu familial de déduction de l’auteur australien Phil Walker-Harding. Gros, gros coup de cœur de la rédaction !
Museum Suspects, de quoi ça parle ? Tout est dans le titre. Des animaux, anthropomorphes, sont entrés dans un musée et l’ont cambriolé. La police est arrivée et a bouclé le musée. Le ou les responsables sont, peut-être, encore à l’intérieur. Votre but ? Le ou les retrouver. À moins qu’ils aient eu le temps de quitter les lieux avant l’arrivée de la police ?
Museum Suspects est un pur jeu de déduction à la Qui est-ce. Ou plutôt, inversé. Tout au long de la partie, vous allez récolter des indices non pas pour trouver les suspects, mais pour éliminer les innocents.
On commence par placer sur la table toute une ribambelle de personnages chafouins en matrice. Des animaux anthropomorphes aux caractéristiques spécifiques et parfois communs pour certains attributs : écouteurs, casquette, lézard, même décor, etc.
Tout autour de ce plateau, unique à chaque partie, on en parlera plus loin, on dispose tout un parterre de cartes cachée avec un indice, un attribut à éliminer. Pas ce décor-ci, pas cet animal-là, pas cet accessoire, voire pas à cet emplacement sur le plateau.
Plus la partie avance et plus on élimine des innocents pour peu à peu resserrer ses soupçons grâce au faisceau d’indices récoltés. Un Qui est-ce inversé, donc. Tout le monde dispose d’un petit carnet sur lequel on biffe, en secret, les animaux innocentés.
Jusque-là, rien d’original.
Museum Suspects, c’est donc un gros mélange entre le Cluedo et le Qui est-ce. Oui. Soit. Peut-être. Certes. Mais en bas bruit, d’autres mécaniques, subtiles, viennent saupoudrer et épicer le jeu.
Les indices : À son tour, on doit prendre l’une des cartes indice cachée, l’observer, puis la reposer. Enfin, on doit y placer l’un de ses jetons allant de 1 à 6. Les autres, à la table, pourront ensuite également se saisir du même indice plus tard dans la partie. En y plaçant l’un de ses jeton égal ou supérieur. Si on veut donc coincer les autres, on y place un 6. Mais pas seulement. Une mécanique qui rajoute un soupçon d’enchères.
On peut également bluffer, et placer un 1 pour « indiquer » aux autres que l’indice est tout moisi. Ou leur faire croire que c’est le cas…
Les déductions : Une fois avoir retourné un indice en secret, on doit alors placer l’un de ses jetons sur l’un des 16 animaux présents dans le musée, sur la matrice. Ou sur un 17e emplacement, on en parlera plus tard. Ce jeton reste toutefois caché. On n’en montre pas la valeur, allant de 1 à 6.
Ainsi, on donne une modeste indication aux autres. Je pense que c’est lui. Oui. Soit. Peut-être. Certes. Mais en réalité, on peut très bien avoir posé un jeton « 1 » pour faire croire qu’on est sur la bonne piste et pousser les autres à l’erreur. Du bluff, encore une fois.
Et plus la partie avance, plus le faisceau d’indice se précise et plus on sera beaucoup à (re)parier sur les mêmes suspects.
Les jetons : Comme vous l’avez lu dans les deux chapitres précédents, les jetons servent autant à « payer » les indices qu’à placer ses déductions, ses paris. Et en toute fin de partie, après n’avoir joué que six manches, c’est court, et c’est bien ainsi, on révèle tous les indices et on élimine les personnages innocentés. Enfin, tous les responsables, il peut y en a voir un ou plusieurs, rapportent autant de points que la valeur de ses jetons posés, plus 1 point par jeton de toute façon.
Si on « flingue » ses jetons à haute valeur pour quelque peu « bloquer » les autres pour les indices, on se « flingue » également la possibilité de marquer plus de points. Quels jetons poser, pour indiquer quoi, pour bloquer qui, et pour garder lequel. De quoi générer des mini-tempêtes de cerveau et entraîner des choix, cruciaux, cruels, captivants.
La rejouabilité : La rejouabilité est l’un des piliers fondamental du jeu de société. Peut-on re-re-re-re-re-rejouer au même jeu sans que les parties ne se ressemblent ? Sans qu’on s’en lasse ? À ces deux questions, Museum Suspects répond par oui, puis non.
Comme on retire certains animaux avant de placer les 16, la matrice, les possibilités seront à chaque fois différentes. Et comme le placement des 16 animaux est également différent à chaque fois, les parties ne seront forcément jamais les mêmes. Tout est généré, placé au hasard.
C’est pour cette raison que selon le placement initial et les indices présents, il peut y avoir entre un et plusieurs suspects. Voire aucun !
En effet, selon les indices, la probabilité, certes faible, peut impliquer qu’aucun animal présent ne remplisse les conditions. Si tout est éliminé, que faire ? C’est là que Museum Suspects introduit une mécanique savoureuse : on peut également parier sur… rien. Un 17e emplacement. En vrai, sur la sortie du musée. On indique alors que le ou les suspects ont pris la poudre d’escampette. Et si le pari est avéré, on remporte autant de points que ses jetons.
Pas besoin de s’étendre plus que cela. Museum Suspect est notre gros, gros coup de cœur de ce printemps 2022. Un jeu subtil, savoureux, taquin, malin. Beaucoup plus qu’il en a l’air.